Gothic’Arts
Le 30 mars 2018
Une approche de passionné, ouverte sur la nostalgie adolescente d’une cinématographie à l’ambiance imparable. Un must !
- Genre : Cinéma
- Voir le dossier : Les Films de la Hammer
- Plus d'informations : http://www.editionsbdl.com/dans-les...
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Notre avis : Publié dans la collection Ciné-Mythologies, Dans les griffes de la Hammer n’en est pas à sa première publication. Cet ouvrage chronologique avait été édité une première fois en 2008 chez Scali avant de voir son stock épuisé. La nouvelle publication aux éditions du Bord de l’eau a été largement complétée et enrichie ; elle devient, en près de 500 pages, la référence française concernant le studio britannique de la Hammer. Parmi les nouveautés du bouquin, une préface de Jimmy Sangster, scénariste culte du studio (Frankenstein s’est échappé et Le cauchemar de Dracula) qui nous révèle que les livres de Bram Stoker et Mary Shelley ont été traduits en France à la suite des succès des opus de la firme anglaise. Le ton est donné.
Truffé d’anecdotes et regorgeant de passion, le livre relate un pan historique de la production de films de genre mais aussi de l’exploitation française. Le goût marqué de l’auteur, Nicolas Staszic, pour l’ambiance des cinémas de quartier -on appréciera les descriptions légendaires de séances dans des petits temples du bis comme le Brady ou le Colorado -, est indissociable de son appétence pour les reliefs gothiques des séries B d’épouvante produites à la chaîne par la Hammer. Stanzick s’avère féru d’une époque où le spectacle à l’écran s’accompagne de mille aventures épiques dans la salle elle-même.
Les intentions de l’auteur ne se veulent pas encyclopédiques, même si on appréciera en annexe la présence d’une filmographie dense et complète ou d’un tableau du box-office français très précieux de par la rareté des chiffres. Il s’agit davantage de dresser un portrait du cinéma d’épouvante gothique de 1957 à 1977 (époque de la sortie du Cauchemar de Dracula pour la première date et d’Une fille pour le diable, le dernier film cinéma de la firme, pour la seconde), ce qui le conduit logiquement à passer assez vite sur les productions les moins connotées fantastique de la Hammer.
L’analyse de l’évolution du studio est l’occasion de dresser la radiographie d’un marché en proie aux révolutions culturelles (les années de déclin correspondent à l’apparition de grands auteurs américains comme Spielberg, Hooper, Friedkin ou Romero qui ont ringardisé instantanément l’entreprise de Michael Carreras et Anthony Hinds). C’est également l’opportunité d’un audit, notamment dans le premier chapitre, de la culture des Français en matière de fantastique (littérature ou cinéma). Et il s’avère complexe.
Réflexions d’érudits du genre à l’appui (Norbert Moutier, Alain Schlockoff, Jacques Zimmer...), le genre est redéfini jusqu’au chapitre final consacré à la lente agonie de la compagnie britannique. En pleine banalisation, le bestiaire de la Hammer, avec ses accessoires, ses grosses ficelles et ses home-stars, a finalement commencé à lasser alors que parallèlement les manifestations fantastiques (naissance de fanzines cultes, avènement de grands festivals spécialisés) n’ont eu de cesse de louer le culte de la firme. Stanzick revient avec beaucoup de perspicacité sur les films de cette époque (Dracula 73,Le cirque des vampires, Les 7 vampires d’or...), en pointant l’inextricable piège auquel était confrontée la société (le mélange des genres avec l’apparition de kung-fu ou l’insertion de personnages hippies pour coller à l’air du temps)..
Bien plus qu’un ouvrage sur la Hammer, Dans les griffes de la Hammer s’avère au final un bel ouvrage de passionné où les personnalités cinéphiles d’aujourd’hui manifestent le même regard adolescent qu’il y a 30 ou 40 ans. Avec ce besoin toujours prégnant d’évasion par l’ambiance, sans cynisme ou mépris affiché pour le cinéma contemporain. Stanzick compile, en plus de son introspection personnelle, près de 200 pages d’entretiens glanés entre 2004 et 2010, qui viennent glorieusement étayer les pistes jetées précédemment.
Alors que la Hammer récemment ressuscitée par Endemol (oui, oui, vous avez bien lu, les spécialistes de la téléréalité !) livrera au cinéma dans quelques mois un nouveau rejeton, le remake de Morse ( Let me in, réalisé par l’auteur de Cloverfield), la parution de cette nouvelle bible du cinéma bis est un must absolu pour tous les aficionados de contes d’épouvante surannés mais aussi pour les curieux qui souhaiteront parfaire leur culture d’un genre populaire longtemps sous-estimé qui a aujourd’hui légitimement trouvé ses lettres de noblesses. Nul doute que cette œuvre sera un ouvrage de référence pour les historiens du cinéma.
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