La désolation - Appollo, Christophe Gaultier - la chronique BD

La désolation débute comme une chronique amère et dynamique pour, de manière soudaine, se transformer en un survival décalé et âpre. Le point de bascule, comme ce qui le suit, est impressionnant. Cela conduit le lecteur dans un univers étrange, parfois onirique et à la limite du fantastique, où les agissements et les codes sociaux paraissent appartenir à un passé lointain. S’il est difficile d’en dire davantage sans dévoiler les retournements de situation au cœur du récit, peut-être pouvons-nous pointer le cousinage avec le film de M. Night Shyamalan, Le Village (The Village, 2004).

Appollo, Christophe Gaultier / Dargaud

Cet album transporte dans un ailleurs, géographique, temporel, mais également psychologique. Il souligne à quel point l’individu peut être perçu comme un grain de sable à broyer afin qu’il ne grippe pas une certaine mécanique.

Appollo, Christophe Gaultier / Dargaud

Le dessin est au diapason du scénario, Christophe Gaultier se montrant aussi à l’aise dans les éléments à base documentaire que dans ceux de pure fiction. Le trait, y compris du contour des cases, est volontiers épais. Plus largement, le dessin alterne grande précision et éléments esquissés, s’aventurant parfois sur le terrain du grotesque, rendant ainsi pleinement compte de la diversité des atmosphères, situations et enjeux.

Appollo, Christophe Gaultier / Dargaud

La désolation est l’un des albums forts de cette rentrée. Par son propos comme par ses partis pris, il ne devrait guère laisser indifférents bon nombre de ses lecteurs.