Le 9 décembre 2024
Cette jolie quête familiale et initiatique à travers les rues d’Istanbul ne manque pas de charme, même si Levan Akin nous avait habitués à un cinéma plus abouti.
- Réalisateur : Levan Akin
- Acteurs : Mzia Arabuli, Lucas Kankava, Deniz Dumanli, Metin Akdemir
- Genre : Drame, LGBTQIA+
- Nationalité : Français, Suédois, Turc, Danois, Géorgien
- Distributeur : New Story
- Durée : 1h46mn
- Titre original : Crossing
- Date de sortie : 4 décembre 2024
- Festival : Festival Chéries-chéris, Festival de Berlin 2024
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Résumé : Lia, professeure à la retraite, s’est promis de retrouver Tekla, sa nièce disparue depuis trop longtemps. Cette quête la mène à Istanbul, ville de tous les possibles. Elle y rencontre Evrim, une avocate qui milite pour les droits des personnes trans, et Tekla lui semble alors de plus en plus proche.
Critique : On est en Géorgie, le pays du réalisateur du délicieux Et puis nous danserons. Une femme d’un âge avancé marche le long de la mer, vers ces maisons de fortune où habitent des familles de pêcheurs. Cette retraitée de l’enseignement est à la recherche de sa nièce, Tekla, une transsexuelle partie du pays pour habiter Istanbul. L’aventure commence alors, dans une traversée urbaine où les questions de filiation, d’identité sexuelle et de sortie de l’adolescence se répondent en cœur. Crossing Istanbul a ouvert le dernier festival de Berlin dans une tonalité moins géorgienne qu’universelle, où la périlleuse situation des femmes transsexuelles se heurte au risque prostitutionnel. On pense ainsi au touchant La Belle de Gaza de Yolande Zauberman qui racontait à sa façon la recherche d’une prostituée transsexuelle en Palestine.
- Copyright Haydar Tastan
Crossing Istanbul ne constitue pas tant un récit de déambulation urbaine, qu’une fable initiatique où l’on assiste à l’éclosion dans l’âge adulte d’un jeune homme à travers un femme qui pourrait symboliquement être sa mère. Car Lia ne voyage pas seule. Elle accepte la présence d’Achi, un jeune adulte qui n’a pas vraiment grandi, dans la mesure où le garçon semble connaître l’endroit où la nièce serait réfugiée. Ils partent tous les deux dans la capitale turque, avec le sentiment qu’ils ne reviendront pas de cette traversée dans le même état psychologique qu’à leur départ. On assiste ainsi à la construction d’une relation où chacun des deux protagonistes répare en lui-même les aléas d’un passé qui les poursuit.
Le parti pris du film est très touchant. La mise en scène ne centre pas tant son attention sur la situation des transsexuelles en Turquie, que la manière dont les relations se nouent et se dénouent entre les personnages. Car le film met en lumière un autre protagoniste tout aussi fascinant, en la personne d’une transsexuelle, anciennement prostituée, et récemment titulaire du diplôme d’avocate. La rencontre s’opère par le biais de deux enfants, un frère et sa sœur, qui mendient et jouent de la musique dans la rue, à défaut de grandir auprès de leur mère.
- Copyright Haydar Tastan
Nous voilà donc devant un film très écrit, voire trop écrit. À sa manière, il résonne comme un conte où chacun des personnages a un rôle à jouer pour mener à bien la quête initiatique des deux héros principaux. Levan Akin ne s’intéresse finalement que très peu à la jeune nièce qui a disparu. Il regarde surtout la façon dont Ali tente de réparer un rôle de mère ou de tante qu’elle a eu du mal à assumer plus jeune, et le destin d’une militante transsexuelle, déterminée à défendre ses anciennes collègues, qui sont victimes de discrimination, de rejet et de violences en tout genre.
On pourrait regretter un format trop long. En effet, le scénario en rajoute beaucoup dans les circonvolutions physiques et émotionnelles des personnages. Parfois, le ton cède à la facilité du mélodrame, égrenant des sous-récits dont on ne connaîtra jamais l’issue. En même temps, le réalisateur prend le temps, et c’est heureux, de filmer Istanbul. On perçoit les rives du Bosphore absolument majestueuses, les rues animées, les restaurants lumineux qui semblent exhaler les odeurs de viande grillée et d’aubergine. Le cinéaste met une grande attention à filmer les paysages urbains où les personnages construisent un récit personnel, teinté de renouveau.
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