Le 1er juin 2024
D’une humanité magnifique, le documentaire de Yolande Zauberman aspire à la réconciliation des peuples et du normalisme religieux avec le portrait tout en douceur de ces hommes palestiniens qui ont fui à Tel Aviv pour vivre leur transsexualité. Une œuvre aussi émouvante que sobre et digne.
- Réalisateur : Yolande Zauberman
- Genre : Documentaire, LGBTQIA+
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Durée : 1h16mn
- Date de sortie : 29 mai 2024
- Festival : Festival de Cannes 2024
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– Festival de Cannes 2024 : Sélection officielle, Hors compétition, séance spéciale
Résumé : Elles étaient une vision fugace dans la nuit. On m’a dit que l’une d’entre elles était venue à pied de Gaza à Tel Aviv. Dans ma tête je l’ai appelée La Belle de Gaza.
Critique : Elles sont gazaouies, et tout le monde connaît la complexité de La Palestine qui se débat entre ses velléités d’indépendance et son rapport particulier avec le fait religieux. Toujours est-il que, lorsqu’on est une femme transgenre, Il y a un impossibilité à vivre sur ces terres. C’est la raison pour laquelle toutes ont fui Gaza et se sont réfugiées dans les rues sordides de Tel Aviv. Elles survivent de prostitution, s’adonnent parfois à des activités associatives de lutte contre les discriminations sexuelles. Yolande Zauberman installe sa caméra et surtout son écoute auprès de ces femmes qu’elle rencontre au détour d’une rue. Les scènes sont tournées la nuit, essentiellement, avec ces hommes qui tournent et retournent autour d’elles, attirés par l’appât du sexe et du pouvoir. Le fil conducteur du projet de la documentariste est de retrouver celle qu’on appelle la Belle de Gaza dont la légende dit qu’elle aurait rejoint Tel Aviv à pieds depuis Gaza.
- © 2024 Unité, Phobics, Arte France Cinéma. Tous droits réservés.
Il y a comme souvent chez Yolande Zauberman un parti pris à d’humanisme et à d’esthétisme. Quand elle ne filme pas les visages en gros plan ou les corps s’exhiber dans les rues, elle scrute le monde dans une mise en couleur absolument merveilleuse. L’enjeu pour elle est de fuir la vulgarité, le tapage sexuel, pour pour donner à voir, à entendre et à lire des voix portées par leur désir d’émancipation, d’accomplissement personnel et de combat contre les préjugés. Il y a même parfois chez elles un véritable positionnement politique qui tranche aisément avec l’exotisme de telles scènes.
Zauberman aime ces femmes. Elle ne les juge pas, prend le temps de la confession. Elle ne se situe dans aucune forme de militantisme pour le droit des LGBT ; ce qui l’intéresse, c’est la formidable humanité qui se dégage de ces femmes dont l’existence est complètement dévouée à trouver un espace d’assouvissement de leur identité profonde. Il n’y a pas de tabou dans les mots, à commencer dans les pratiques sexuelles, le désir qu’elles entretiennent d’elles-mêmes et des autres, les risques qu’elles prennent pour se faire opérer. En même temps, les vertus pédagogiques du film sont évidentes. On comprend, si tant était utile de le faire, que la transsexualité ne relève pas d’une lubie personnelle, ni d’un choix, mais d’un besoin somatique et psychologique profond.
- © 2024 Unité, Phobics, Arte France Cinéma. Tous droits réservés.
La Belle de Gaza est un film lumineux, très apaisant. Les rencontres qui s’opèrent entre la réalisatrice et ces femmes relèvent parfois du miracle, à commencer par cette Belle de Gaza qu’elle finit par croiser. Mais en réalité, toutes sont les belles de Gaza. Toutes ont fui leurs racines, leur famille, et la persécution dont elles étaient victimes. Leur lutte pour la survie est belle, autant que leur goût illimité pour la féminité les grandit. On a plaisir à vivre avec elle pendant un format de film assez raisonnable, mais suffisant pour appréhender la grande sensibilité et l’immense force de vie de ces personnes.
La Belle de Gaza n’est pas un documentaire pour la télévision. C’est un vrai film de cinéma avec des personnes qui rayonnent sur l’écran. C’est un film conçu pour s’ouvrir aux humanités contrariées et à produire du beau, là où l’actualité ne nous ramène que des horreurs.
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