Fréquence meurtre
Le 20 mars 2013
Un film policier désinvolte qui doit beaucoup à l’énergie de ses comédiens.


- Réalisateur : Nicolas Boukhrief
- Acteurs : André Dussollier, Chantal Neuwirth, Claude Perron, Aurore Clément, Pascal Elbé, Claire Nebout, Julien Boisselier, Marthe Keller, Philippe Laudenbach, Yves Pignot, Élisabeth Macocco, Olivier Lejeune, Serge Renko, Gilles Gaston-Dreyfus
- Genre : Thriller, Policier
- Nationalité : Français
- Distributeur : Wild Bunch Distribution
- Durée : 1h45mn
- Date de sortie : 30 janvier 2008

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Résumé : Un flic retraité, à la mémoire défaillante, intègre une maison de repos spécialisée et commence à suspecter des crimes dans l’établissement.
Critique : Après une période auteurisante plus ou moins convaincante (Va Mourire et Le plaisir et ses petits tracas), Nicolas Boukhrief a démontré avec Le convoyeur qu’il était possible de réaliser un film policier français robuste explorant un contexte inédit (les convoyeurs de fond) avec un peu de Scorsese et un regard aiguisé sur la société. Fort de cette réussite, l’ancien journaliste de Starfix réitère le même défi du brassage des genres avec Cortex. En moins bien. L’intrigue polardeuse avec whodunit oscillant entre réalité et fantasme (est-ce qu’un tueur décime des patients ou est-ce dans l’esprit du flic malade ?) sert clairement de prétexte à une étude de caractères et une réflexion sur la mémoire. Une manière de nous faire comprendre des tonnes de choses. Primo : le suspense concerne tellement peu Boukhrief qu’il le résout avec une conclusion volontairement frustrante. Secundo : il faut savourer la peinture d’un microcosme où entre infirmiers sympathiquement fatigués et malades gentiment cintrés s’expriment des guerres de pouvoir (qui va remplacer la directrice de l’établissement ?). Tertio : la résolution du puzzle n’est pas nécessairement celle que l’on avait prévue et donc ce court-circuitage invite nos réflexes de spectateurs conditionnés à se méfier des apparences. Conclusion : les plus fous ne sont pas nécessairement ceux que l’on pense.
Rien de nouveau donc sous les néons aveuglants de cette clinique de la Forêt-Noire. Si ce n’est - et c’est toujours bon à prendre - un film de potes agréablement conduit, agréablement écrit, agréablement filmé, agréablement dépourvu de prétention. Bref, un spectacle agréablement agréable qui malgré ses bons moments ne réussit pas à convaincre plus que de raison, ni même à glacer l’échine ou à faire basculer dans une folie baroque - celle-là qu’un sujet pareil réclamait. Reste André Dussollier, spectacle fascinant à lui seul, qui s’illustre avec une discrétion exemplaire dans un registre dark et tourmenté. Ceux qui ne sont pas sensibles aux performances de l’acteur passeront le temps en débusquant les nombreuses références cinématographiques dissimulées ici et là, allant de l’évident (Les disparus de Saint-Agil, Shock Corridor) au moins (Pusher 3, Lost Highway). Un jeu de pistes soulignant que Boukhrief reste plus un érudit cinéphile qu’un vrai cinéaste.