Même pas peur
Le 23 avril 2003
Un thriller psychologique, pas très éthique, et faussement esthétique. Hic !...


- Réalisateurs : François Hanss - Arthur-Emmanuel Pierre
- Acteurs : Emmanuelle Seigner, Philippe Torreton
- Genre : Thriller
- Editeur vidéo : France Télévisions

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– Durée : 1h41mn
– Interdit aux moins de 12 ans
Un thriller psychologique, pas très éthique, et faussement esthétique. Hic !...
La critique d’un premier film est un exercice périlleux. Soit on s’emballe, soit on déballe... Et si ce coup d’essai était le seul éclair de génie d’un réalisateur faussement doué ou au contraire un ratage qui annonce des merveilles ?
Guidé par un esprit indulgent, c’est donc avec bienveillance qu’on aborde Corps à corps, un thriller bio-pas-très-éthique, tout disposé à croire à l’invraisemblable pour peu que ça nous fasse mourir de peur... Que va t’il donc arriver de si terrible à la belle Laura (Emmanuelle Seigner, dont la beauté singulière irradie toujours l’écran) quand elle accepte de quitter sa boîte de strip-tease pour suivre un homme riche et fou d’elle ? Que cache cette perle rare (Philippe Torreton, nouveau petit prince du cinéma français), trop lisse et prévenant pour être totalement innocent ?
Le film débute sous de bons auspices, même si le parti pris très esthétisant des réalisateurs dérape parfois dans un style David-Hamiltonien. Emmanuelle Seigner est totalement en phase avec Laura, qu’elle paraît avoir explorée dans toutes ses contrariétés. Sa brutale surdité est exploitée avec intelligence et contribue à installer l’atmosphère très étrange du film. Torreton est, lui, moins à l’aise. A priori tout aussi capable d’interpréter un psychopathe qu’un empereur des Français ou un directeur d’école confronté aux absurdités de l’administration, il semble pourtant étriqué dans ce personnage mal exploité par un scénario approximatif.
Voilà d’ailleurs la faille de ce film : une intrigue intelligente et originale noyée dans un scénario dilué et grotesque. Au point qu’on finit par se demander : mais qu’allaient faire Seigner et Torreton dans cette galère ? La grande demeure inquiétante, inspirée par Amenabar et Stephen King, s’apparente, au final, au château de Gargamel, et les rebondissements sans fin du film sont tellement caricaturaux que le petit lapin dans la casserole de Liaison fatale est une scène d’anthologie en comparaison...
Mais, rappelons-le, il s’agit d’un premier long-métrage. Si les acteurs, malgré leur bonne volonté, ne parviennent à sauver l’ensemble, on ne peut qu’applaudir des deux mains leur détermination à prendre des risques avec de jeunes réalisateurs.
Espérons simplement pour François Hanss et Arthur-Emmanuel Pierre que leur propre film leur donne tort et que contrairement à ce qu’ils annoncent, les cicatrices du passé disparaissent un jour...