La fureur de détruire
Le 26 août 2021
Cette radioscopie d’une jeunesse en déperdition est un terrifiant drame de mœurs aux accents de polar.
- Réalisateur : Nagisa Oshima
- Acteurs : Fumio Watanabe, Yoshiko Kuga, Miyuki Kuwano, Yûsuke Kawazu, Shinji Tanaka
- Genre : Drame
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Carlotta Films
- Editeur vidéo : Carlotta Films
- Durée : 1h32mn
- Titre original : Seishun zankoku monogatari
- Date de sortie : 5 mars 1986
- Festival : Festival de Cannes 2014
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Résumé : Makoto est au lycée. Kiyoshi, étudiant à l’université, la sauve alors qu’elle est agressée par un homme d’âge mûr. Le lendemain, Kiyoshi contraint violemment Makoto à avoir des relations sexuelles et leur histoire commence. Les choses vont plus ou moins bien jusqu’à ce que Makoto tombe enceinte...
Crtique : Longtemps invisible, Contes cruels de la jeunesse n’a été distribué en France qu’en 1986, au même titre que Les plaisirs de la chair (1964). À une époque où étaient montrés et encensés À bout de souffle et autres films de la Nouvelle Vague, d’autres pays voyaient l’émergence d’une nouvelle génération de cinéastes, du Free cinéma anglais aux nouvelles vagues tchèques et polonaises. Le Japon créait lui aussi sa petite révolution sans exporter les œuvres concernées, son 7e art n’étant alors connu que par les prestigieux noms de Kurosawa ou Mizoguchi. Contes cruels de la jeunesse est ancré dans le Japon des années 60. Ruiné par la Seconde Guerre mondiale et sonné par la défaite, le pays s’était tout de même reconstruit dans le cadre de ce qu’il était convenu d’appeler « le miracle japonais ». Le contexte historique et politique du récit (brèves allusions à la guerre, conflits sociaux), n’est pas ici un simple arrière-fond, le tourment des personnages semblant s’inscrire dans un cadre plus large, comme si la société japonaise vivait dans le traumatisme d’une période trouble et n’affichait qu’une unité de façade. Le protagoniste le plus emblématique est ainsi Kiyoshi, mi-délinquant, mi-étudiant, qui vit d’expédients à Tokyo, et entretient des relations difficiles avec des militants de gauche. Occasionnellement gigolo, il entretient des rapports troubles avec Makoto.
D’abord protecteur, il la viole avant de vivre avec elle puis de l’exploiter en en faisant un appât auprès d’autres hommes. Amoureuse de Kiyoshi malgré ses souffrances, Makoto semble marquée par un masochisme que l’on retrouvera dans des films postérieurs d’Oshima. Il règne ainsi dans Contes cruels de la jeunesse une ambiance oppressante, le caractère autodestructeur de la relation qui unit les deux jeunes gens anticipant le paroxysme fusionnel des deux amants de L’empire des sens (1976), le chef-d’œuvre d’Oshima. Sur le plan formel, Contes cruels de la jeunesse s’avère très novateur, le cinéaste utilisant le format du scope avec une originalité qui n’avait pas été vue à l’écran depuis Lola Montès (M. Ophuls, 1955). De la caméra portée aux très gros plans décadrés, des intérieurs étouffants aux extérieurs naturels, Oshima explore de nouvelles pistes d’expression visuelle tout en présentant une œuvre que l’on peut apprécier au premier degré en tant que morbide drame de mœurs ou polar désenchanté. Le Festival de Cannes 2014 a présenté une version restaurée du film dans sa section Cannes Classics. Il s’agit d’une restauration numérique réalisée en 4K sous la supervision de Takashi Kawamata, le cameraman de Nagisa Oshima. Carlotta Films sera chargé de sa distribution en France.
Gérard Crespo
Le test du DVD/Blu-ray
- © 2021 Carlotta Films. Tous droits réservés.
Contes cruels de la jeunesse avait bénéficié, il y a une douzaine d’années, déjà chez Carlotta Films d’une édition DVD dans un coffret qui contenait également Une ville d’amour et d’espoir (1959) et L’enterrement du soleil (1960) et était logiquement intitulé « La trilogie de la jeunesse » La nouvelle restauration du film au format 4K a donné l’occasion au distributeur de lui offrir, pour la première fois en France, une édition Blu-ray, qui nous permet de visionner le long-métrage avec une qualité d’image et de son jamais égalée en vidéo.
Les suppléments sont les mêmes que dans le coffret, mais l’excellence du travail de restauration peut justifier, à lui seul, l’acquisition de ce nouvelle édition, d’autant que le film est disponible, au choix, en DVD et en Blu-ray.
Image :
L’image restaurée en 4K rend toute leur profondeur et tout leur éclat aux couleurs du long-métrage de Nagisa Ōshima.
Son :
La bande-son restitue, dans le DVD comme dans le Blu-ray, la piste mono d’origine sans aucune altération perceptible.
Suppléments :
Le disque réunit trois suppléments : un entretien intitulé Le Japon sous tension (2008) réalisé par le critique Donald Richie, un essai réalisé par Ōshima lui-même faisant entendre des extraits de ses carnets de notes où il explique sa méthode de travail, et la bande annonce originale restaurée. Autant de documents qui permettent de resituer le film dans son époque.
Tristan Isaac
– Sortie DVD et Blu-Ray : 25 août 2021
– Année de production : 1960
– Blue Ribbon Awards 1961 : meilleur réalisateur
– Sortie japonaise : 3 juin 1960
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