Impair et manque
Le 8 octobre 2019
Huis clos de cauchemar entre un père et sa fille en devenir d’aimer.
- Auteur : Laurence Tardieu
- Editeur : Arléa
- Genre : Roman
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 22 août 2002
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
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"C’est quoi un père ? Est-ce que ça s’aime ?" L’essentiel de ce récit se joue au cours d’un huis clos de cinq jours, entre un père nommé "l’Autre" et une fille en devenir d’aimer...
Résumé : Par un hasard douloureux de la vie, Louise, à vingt-cinq ans, perd sa mère et retrouve son père. Emprisonné depuis vingt ans, celui-ci demande l’hospitalité à sa fille avant de recommencer une nouvelle vie. Louise accepte, dans le déchirement et la culpabilité. Pendant cinq jours, le père et la fille vont tenter de vivre ensemble. Enfermée dans son hostilité, Louise découvre cette partie d’elle-même qu’elle a toujours niée. Mais ce subit retour du passé est le prix qu’elle doit payer pour aller de l’avant.
Notre avis : "Les mots ont raconté une histoire"... Une autre histoire que celle du temps d’avant, d’avant la mort de la mère de Louise. Temps arrêté, figé sur cette crispation... Comment se défaire d’une histoire qui a habillé toute une vie ? Depuis qu’elle est en âge de parler, Louise raconte encore et toujours ce père mythique, mort avant d’avoir trop vécu, magnifié, transcendé par son récit. Et puis, patatras ! Un souffle violent balaye les jolis mots de Louise. Elle aurait pourtant tant voulu qu’il reste sage, dans son rôle de mort, ce père-là... Ecrit à la première personne, parfois léger et anecdotique, ce premier roman se veut le récit de la vie d’une jeune femme, Louise. Sa mère, les vacances à Deauville, les confidences échangées avec l’amie, Ana... Louise qui se rêvait compositeur et qui s’acharne à être sculpteur...
Mais qui est vraiment Louise ? Dans quel chaudron familial a-t-elle mijoté, ou peut-être même bouillonné ? Quelle vision du père, cet absent si prégnant tout au long de la construction intérieure de Louise, sa mère lui a-t-elle distillée ? Comment se défaire d’un magnifique fantôme et vivre sa "vraie vie" ?
Alors, lorsque vient le temps de l’Autre, enfin, l’écriture de Laurence Tardieu se fait violente, oppressante. Louise se trouve confrontée à ses pires cauchemars. Ce père, cent fois inventé, mille fois renié, resurgit du passé et s’installe chez elle, inquiétant, malhabile, vieux de vingt ans d’enfermement derrière des barreaux. Tout doit alors se dire dans ces instants uniques d’une présence encore désincarnée. Cet homme n’a laissé aucune trace dans la vie de la jeune femme. Enfin, c’est ce qu’elle aimerait qu’il entende. La lente réappropriation de l’idée d’un possible amour filial entre ces deux êtres habite tout l’espace de ce huis clos de cinq jours, dans l’appartement de Louise.
Le thème est universel. Laurence Tardieu lui donne un souffle autre, dérangeant parfois, jusqu’au malaise, jusqu’à la nausée, pourtant ce n’est qu’un roman, pas notre histoire...
Laurence Tardieu , Comme un père, Arléa, coll. "1er mille", 2002, 118 pages, 13 €
– Pour aller plus loin sur le thème de l’amour filial, lire nos critiques des romans de Véronique Olmi, Numéro six et d’Eliette Abécassis, Mon père
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