Le 20 mars 2024


- Scénariste : Véronique Cazot>
- Dessinateur : Anaïs Bernabe
- Collection : Grand public
- Genre : Anticipation
- Editeur : Dupuis
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 9 février 2024
Une plongée dans un futur agréable et les méandres de la technologie...
Résumé : Dans un congrès architectural d’un futur proche, Marsu fait la connaissance de Thom, qui développe un monde virtuel hypraréaliste où il s’évade, retrouvant ses amis ou un appartement donnant sur Central Park. Le coup de foudre est-il réel ou virtuel ?
Critique : Le champ des possibles offre une vision unique et optimiste de l’avenir, puisque qu’il n’y a pas eu de catastrophe climatique ou d’holocauste nucléaire. Les humains semblent enfin en harmonie avec la nature – ou du moins les protagonistes qui ont choisi des modes de vie – et les technologies paraissent plus douces pour l’environnement. C’est déjà un grand pas pour un optimisme qui franchement a désormais déserté les hypothèses scientifiques comme culturelles, et pour cela il faut remercier Véro Cazot pour cette performance. Toutefois, se cantonner à cette qualité serait très réducteur pour un scénario qui met surtout à mal les limites amoureuses. Entre GPA, polyamour et double vie numérique, cet album repousse sans cesse les bornes d’une morale établie il y a longtemps, et opte donc pour un futur qui les remodèle. Le lecteur va donc être constamment en train de se demander à quel moment un élément négatif, un écueil ou un problème va surgir pour tout annihiler, pour ravager ce champ d’amour et d’émotions, sauf qu’à chaque fois, le positif s’en sort, s’échappe pour creuser un sillon encore inconnu.
- © Dupuis / Bernabe
Visuellement, l’album ne semble pas devoir être d’une révolution folle : les personnages sont beaux, d’un trait assez classique, les différences entre réel et virtuel sont plutôt bien délimitées dès le début, et l’on se prend à rêver de ce futur aux couleurs chaudes, ce monde brillant et intelligent. Pourtant, des failles se révèlent dans ces limites, qui se brouillent à mesure que l’héroïne s’immerge dans le monde virtuel, ce Second Life connecté au cerveau que Meta rêve de réaliser en VR. Certaines scènes, certains personnages se font plus froids, quelques moments font frissonner, mais au final le bon, le doux et l’espoir l’emportent, dans le réel comme dans le monde irréel.
- © Dupuis / Bernabe
Audacieux dans son approche d’anticipation et de morale, Le champ des possibles est un album d’une littérature vraie, puissante et authentique malgré son sujet, comme un miroir du futur qui serait non seulement acceptable si on le contemple.
128 pages – 23,50 €