Le 17 octobre 2024
Un gagnant du loto s’offre une prostituée à domicile. Bertrand Blier, malgré sa verve inimitable, s’est un peu fourvoyé, en se répétant, dans une histoire totalement improbable.
- Réalisateur : Bertrand Blier
- Acteurs : Monica Bellucci, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Depardieu, Bernard Campan, Édouard Baer, Farida Rahouadj, Sara Forestier, Michel Vuillermoz, François Rollin, Michaël Abiteboul, Élisabeth Macocco, Valérie Karsenti, Jean Dell
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pan-Européenne
- Durée : 1h35mn
- Date de sortie : 26 octobre 2005
Résumé : À Paris, François (Bernard Campan) rentre dans un bar d’entraîneuses où il va faire la connaissance de Daniela (Monica Bellucci). Prétendant avoir gagné au loto, il lui propose de venir vivre avec lui.
Critique : François est un monsieur Tout-le-monde bien ordinaire et triste. De plus, il a un problème cardiaque qui l’oblige à éviter les trop grandes émotions. L’arrivée de cette pulpeuse femme dans sa vie n’est peut-être pas une si bonne idée que ça.
Sur un sujet totalement improbable, ce film, taillé sur mesure pour la plastique de Monica Bellucci, porte indéniablement la signature de Bertrand Blier, mais passe complètement à côté de son sujet.
Le cinéaste, qui sortait de trois échecs cuisants, semble avoir un peu perdu la main depuis Merci la vie. Sur l’idée de base un peu douteuse de s’offrir une prostituée à demeure, Blier semble recycler ses thèmes favoris avec son indéniable talent de dialoguiste, mais avec une fâcheuse tendance à l’auto-parodie qui lui donne un côté sérieusement démodé.
- Copyright Goodfellas/France 2 Cinéma/Fidélité Films/Pan Européenne Productions/
D’où un réel sentiment de malaise à suivre les improbables aventures de ce petit employé banal, face à une splendide Monica Bellucci, dont le personnage, tout en naïveté et gentillesse, manque lui aussi curieusement de relief.
Même l’espèce de gangster mâtiné de souteneur interprété par Gérard Depardieu manque de crédibilité et d’épaisseur : un comble !
Le petit théâtre de Bertrand Blier si brillant ailleurs (avant ?) n’a cette fois-ci pas fonctionné.
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ragondin 27 octobre 2005
Combien tu m’aimes ? - Bertrand Blier - critique
j’ai trouvé ce film vulgaire... Même la sublime beauté de Monica n’arrive pas à rattraper le scénario bancal.
cela dit je ne sais pas pourquoi je suis aller voir ce film, j’ai détesté pratiquement tous les Blier sauf les Valseuses...
navrant à mon sens.
Stéphane 6 novembre 2005
Combien tu m’aimes ? - Bertrand Blier - critique
Il y a des films aux contours froids plus brûlants que le soleil. Celui de Blier en fait partie. Il se déroule dans le monde de la nuit, un univers inversé où les valeurs et les sentiments n’appartiennent pas au raisonnable. Un monde sens dessus-dessous dans lequel les putains se détournent de l’argent, les mauvais garçons abandonnent leur rapacité contre un instant de joie, les médecins attentifs aux excès de leurs
patients meurent subitement, touchés par les maladies mêmes qu’ils soignaient, etc. Rien d’étonnant aux yeux des connaisseurs de l’oeuvre de B. Blier, un metteur en scène habitué à se jouer du spectateur dans des comédies noires et grinçantes et pourtant, si ! Ce film est différent des autres de l’auteur car porté par un message magnifique : tout est possible quand passion il y a.
Une rue sans passants, un bar sans clients, des intérieurs de purs décors, une société où nul ne travaille, la réalité n’est pas au rendez-vous. Pour se rattacher à l’histoire, les spectateurs ne sont pas aidés, et ce n’est pas le personnage de Depardieu tellement puissant qu’il devient caricatural qui viendra à leur rescousse. L’audace de Blier a été d’aller jusqu’au bout de son postulat qui est : rien n’est réel si ce n’est sa propre réalité. Or celle du personnage de Bernard Compans est constituée par un délire organisé qui est de gagner l’amour comme une putain gagne de l’argent. A partir de cette détermination, il sera comme un joueur de poker qui devra masquer ses feintes par l’illusion de la sincérité mêlée aux apparences du mensonge. Rien donc ne peut être considéré dans ce jeu comme assuré et c’est pourquoi la photographie froide montre les lieux comme des fonds de scène.
Tel un opéra qui s’inscrit à la fois dans le cadre traditionnel et imposé de la structure, mais dépasse les conventions par la grâce des voix, du thème et de la musique, ce film transporte son spectateur dans un autre univers. Provocation gratuite et obsolète pour certains, Combien tu m’aimes est, tout au contraire, simple mais de construction complexe. Comme des mouvements musicaux amorcés et cependant, en permanence, interrompus, l’oeuvre désempare de façon audacieuse et complexe. Pour s’y retrouver il faut s’ y abandonner, comme dans l’amour.