Le 5 avril 2016
L’occasion de découvrir ou redécouvrir un cinéaste toujours stimulant, à travers huit films aussi variés qu’intelligents.
- Réalisateur : Raúl Ruiz
- Nationalité : Chilien
- Editeur vidéo : INA éditions
- Durée : 11h
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– Sortie DVD : le 12 avril 2016
Un coffret majeur pour (re)découvrir un cinéaste audacieux, à travers des films « rares » et représentatifs de quelques-uns des chemins originaux qu’il emprunta. Ce ne sont que quelques jalons d’une œuvre protéiforme et exubérante, mais des jalons passionnants.
Les films : Avec Dialogue d’exilés (1974, 1h40mn), Ruiz l’iconoclaste organise une verbale incisive et qui n’épargne personne. De grands événements et des gens ordinaires (1978, 1h) prend le prétexte d’une élection législative dans un quartier du 12ème pour questionner le genre documentaire par des réflexions (voix-off qui commente le film en train de se faire, cartons qui annoncent les thèmes et le style, par exemple). C’est une sorte de déconstruction intéressante et puissamment originale. C’est avec les deux adaptations de Pierre Klossowski que Ruiz trouve son envol : La Vocation suspendue (1977, 1h33mn) et L’Hypothèse du tableau volé (1978, 1h03mn) travaillent la fiction et la contestent. On découvre ici l’inventivité et la richesse sans pareille du cinéaste chilien qui éclate dans l’inoubliable Les trois couronnes du matelot (1983, 1h57mn), dont l’accueil enthousiaste à l’époque permit aux cinéphiles de s’émerveiller devant des images baroques et inédites. Très différent mais tout aussi original, Les Divisions de la nature quatre regards sur le château de Chambord (1978, 30mn) est une réflexion sur les capacités du cinéma à représenter et modifier ou interpréter la réalité. Encore différente, sa Bérénice(1983, 1h45mn) est une œuvre austère, respectueuse du texte, mais Ruiz en fait un théâtre d’ombres en même temps qu’une ode majestueuse à l’actrice, Anne Alvaro, magnifiquement cadrée et presque sculptée. L’étrangeté de certaines séquences (Bérénice « disant » le texte de Titus, par exemple) revivifie le texte de Racine, par ailleurs sobrement et précisément déclamé. Enfin, le dernier film du Chilien, le plus récent, La recta provincia (Terre de sorciers) (2007-2015, 2h30mn) est un étrange mélange de croyances, de légendes et de religion, magnifié par une mise en scène ample et précise.
Les suppléments :
Seul un livret de 12 pages signé par Gabriela Trujillo, dense et analytique, accompagne le coffret. On peut trouver que c’est un peu mince, concernant une œuvre aussi riche et polysémique.
L’image :
La restauration permet de voir les films dans les meilleures conditions, mais évidemment, entre les images 16 mm des deux premiers films, avec leur définition imparfaite et leurs défauts irréductibles, et les œuvres plus récentes, il y a un gouffre. Témoin le beau noir et blanc de Bérénice, restauré en 2K et tiré d’un 16mm parfaitement respecté ou la précision de l’image dans La recta provincia (Terre de sorciers).
Le son :
Là encore, même si le son est retravaillé, il manque de densité (en particulier, De grands événements et des gens ordinaires n’est pas toujours parfaitement audible) dans les films les plus anciens.
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