Le 10 juin 2021
- Réalisateur : Abbas Kiarostami
- Acteurs : Mohsen Makhmalbaf , Abolfazl Ahankhah, Hossain Sabzian
- Distributeur : Splendor Films
- Genre : Drame
- Nationalité : Iranien
- Date de sortie : 30 octobre 1991
- Durée : 94 minutes
- Reprise: 9 juin 2021
Close Up, une imposture dérisoire. Un individu se fait passer pour le cinéaste Mohsen Makhmalbaf dans une famille qui, malgré ses doutes, le laisse s’installer dans son quotidien et même être accaparée par les sirènes de la fréquentation d’une vedette invisible. Un simili paparazzi brise le miroir aux alouettes illusoire pour avoir son scoop. D’une gravité décalée, le procès qui en découle devient une méditation sur le sens de l’art et la place de l’artiste dans la société iranienne.
Résumé : Cinéphile obsessionnel et sans emploi, Hossein Sabzian ne peut résister à la tentation de se faire passer pour le cinéaste Mohsen Makhmalbaf afin de s’attirer les faveurs d’une famille iranienne bourgeoise. Une fois démasqué, cet homme est traîné devant la justice pour escroquerie. Apprenant ce fait divers, le réalisateur Abbas Kiarostami s’empresse de réunir une équipe de tournage afin de reconstituer les faits et de filmer le procès de Sabzian.
Critique : On ne peut comprendre l’intention de cet imposteur qu’en appréhendant la passion cinéphile. Se faire passer pour un cinéaste reconnu aux yeux de « fans » de cinéma et avant le développement du web, se créer une vie et jouer au mentir vrai des arts et s’inscrire dans un mouvement incarné par Zeuxis et de la peinture-imitation dans l’antiquité grecque. Le cinéma des premiers temps, entre Georges Méliès et les frères Lumière, hésitait déjà entre les deux tendances au vrai documentaire et à la supercherie fictive. Reprenant à son compte cette question esthétique de la vérité de l’art, Abbas Kiarostami le situe sur le terrain de la morale et du droit. Typiquement, valeur morale et point de vue juridique ici se rejoignent dans le jugement d’un comportement et d’une intention dont on juge le caractère malhonnête. La culture iranienne se prête bien à la fiction vraisemblable d’un tribunal du mensonge artistique. Les tentatives du juge, un mollah, pour obtenir le pardon de cette famille qui s’est fait tromper, démontrent le glissement judiciaire vers une morale religieuse en République islamique. Plus que jamais, la valeur d’un homme est affaire d’honnêteté et de rectitude morale. L’immunité artistique chère à Georges Orwell n’est pas d’actualité. Il faut cerner les intentions pour comprendre si l’on est prêt à la mort pour une fantaisie. Cette question excentrique est prise au sérieux par l’usurpateur. Il avoue son goût du cinéma comme un besoin de s’évader de cette prison qu’est la pauvreté et la misère de son quotidien. Enfin, durant cette usurpation, on l’a écoutée. Il suffisait qu’il exprime un désir pour que celui-ci soit assouvi.
- Copyright Splendor Films
C’est cette illusion de vivre une vie qu’il n’aurait sans doute pas vécu comme cela s’il avait été Mohsen Makhmalbaf qui l’attache à cette tromperie. Il est comme cette cannette qui dévale la rue au cours d’un plan-séquence illustrant le lâcher-prise, la passivité intimement liée à la passion, les forces d’inertie et de gravité terrestre qui font des objets des choses balancées sans intentions et livrées aux sorts que leur réservent les hommes, faute de mieux ici-bas. Cité par l’accusé, Tolstoï a bien montré le tiraillement solipsiste de l’artiste : « L’art est une expérience sentimentale que l’artiste développe en lui-même et transmet aux autres. »
Iran, 1990, Drame, Documentaire, 94 min, Visa n° 77793
DCP VOSTF RESTAURÉ
LABEL PATRIMOINE & RÉPERTOIRE
Galerie Photos
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