Le 14 mars 2007
Entre euphorie et scepticisme, aVoir-aLire vous propose un état des lieux du cinéma français en ce début d’année.
Entre euphorie et scepticisme, aVoir-aLire vous propose un état des lieux du cinéma français en ce début d’année.
L’exception culturelle fait des miracles ! Alors que vient de s’achever le festival du film français de New York, organisé par Unifrance, vitrine économique de notre production nationale, avec plus de neuf promesses de distribution et la perspective d’un remake (Prête-moi ta main), que La môme a commencé avec un franc succès sa virée hors de nos frontières (elle a eu l’insolence de se classer en troisième position du box-office allemand pour sa sortie), que Taxi 4 débarque en Russie sur une combinaison record pour une production en langue française (500 salles), que les anciens pays soviétiques, la Pologne en premier, nous ouvrent leurs marchés (dernier succès en date Hors de prix) et qu’Arthur et les Minimoys s’est très bien comporté sur le marché britannique avec plus de sept millions d’euros en cinq semaines, notre box-office national s’embrase un peu plus pour les films bien de chez nous.
Cette semaine encore, sept productions hexagonales caracolent dans les dix premiers du box-office national redéfinissant les règles après plus de vingt ans d’hégémonie américaine. T4xi et La môme, qui viennent de franchir la barre des quatre millions d’entrées, Contre-enquête, Michou d’Auber, Les témoins, Danse avec lui et Je crois que je l’aime varient les genres et succès, cannibalisant le marché qui laisse peu de place à la concurrence américaine. Aussi depuis le début de l’année les longs métrages français comptent pour plus de 55% de la part de marché.
Seule ombre au tableau, soulignée par Pascale Ferran lors de la cérémonie de remise des Césars, la précarité du cinéma d’art et d’essai qui peine à survivre alors que le public lui manifeste, à quelques rares exceptions (Lady Chatterley, justement) un intérêt des plus limités, et que les chaînes de télévision, à commencer par Canal+, rechignent à les financer puisqu’elles ne les programmeront pas dans leur grille. Quel avenir donc pour les petits, les indépendants dont la fougue et l’esprit ont toujours su faire la renommée et l’identité de notre production ? Rappelons-nous bien que quelques-uns de nos plus grands noms proviennent de ce cinéma là, à commencer par un certain Ozon, qui sort cette semaine sa plus grosse œuvre - Angel a coûté plus de quinze millions d’euros et a été tourné en langue anglaise - mais qui s’était fait un nom en débutant par des moyens métrages et un premier long trash, un Sitcom méga-rentable, aux budgets totalement dérisoires. Aussi, si la tendance ne change pas, combien de talents devront-ils se taire pour satisfaire les appétits des Canal+, TPS et autres TF1, plus enclins au divertissement pop corn et aux séries télé, qu’aux petits budgets qui enrichissent davantage l’esprit que les bourses. Le prochain ministre de la culture, de quelque bord politique soit-il, devra se pencher sérieusement sur le dossier. L’appel est lancé aux candidats à la présidence qui pour l’instant se sont montrés plutôt discrets en matière de culture.
En attendant l’échéance des urnes, les spectateurs peuvent aller faire quelques tours du côté de leurs salles cette semaine. Quelques 15 films déboulent sur les écrans (dont le dernier Mocky, Le deal qui sort sans crier gare) et de très bonnes choses qui vont vous faire aimer vos premières toiles printanières. Nous avons fait d’ores et déjà une petite sélection pour vous :
Raison numéro 1 : La cité interdite ! Une fresque épique et esthétique sur le décadence du pouvoir avec la sublime Gong Li qui retrouve Zhang Yimou pour un monument de beauté. Epoustouflant. Incontestablement le film de la semaine ;
Raison numéro 2 : Loggerheads ! Une production indépendante émouvante sur le sentiment d’oppression des homosexuels dans l’Amérique conservatrice de Bush. Ceux qui veulent approfondir le sujet pourront également aller voir le poignant documentaire Au-delà de la haine qui aborde l’homophobie de manière frontale en France, avant de découvrir l’homophobie iranienne dans Unveiled dans huit jours. Décidément, les temps ne sont pas très roses pour les gays.
Raison numéro 3 : Le come-back ! Du haut de ses 46 ans, le charme de Hugh Grant opère toujours dans cette comédie romantique calibrée qui vient d’emporter un joli petit succès chez nos voisins les Anglais et aux USA.
Raisons numéro 4 et 5 : Hyper tension et Wilderness ! Dans le premier, Jason Statham revient au grand n’importe quoi du Transporteur 2 avec cette série B d’action décomplexée aux dialogues loufoques. Virilité excessive et gros bras au programme de ce délire assuré pour les amateurs de deuxième degré. Il en va de même dans Wilderness, de l’horreur bourrin bien britannique, diablement efficace que l’on réservera à tous ceux qui aiment les productions gonflées à la testostérone. L’interview de son réalisateur, le cinéaste, Michael J. Basset, est en ligne.
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