Poupée de cire, poupée de son
Le 28 septembre 2005


- Réalisateur : Bertrand Bonello
- Acteur : Asia Argento
- Genre : Drame, Court métrage
- Nationalité : Français

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– Durée : 15mn
Un film court au cœur d’une œuvre exigeante, Cindy, the doll is mine confirme le talent et les obsessions de Bertrand Bonello.
L’argument : Une femme brune prend en photo une femme blonde. Les deux femmes se ressemblent étrangement...
Notre avis : Bertrand Bonello dévide ses obsessions à travers une filmographie exigeante et (trop) confidentielle. La solitude, la marge, la difficulté à s’inscrire dans un modèle social. Il revient sur les écrans deux ans après Tiresia avec un court métrage, ou plutôt un film court, comme il préfère le qualifier, Cindy, the doll is mine. Pendant quatorze minutes, deux femmes évoluent de chaque côté du miroir symbolisé par l’appareil photo avec lequel la brune saisit la blonde. Une brune androgyne, une poupée blonde façon Barbie, toutes deux empêtrées dans la quête maladroite d’une émotion.
La référence est clairement exprimée. Au cœur du propos, l’œuvre photographique de Cindy Sherman, qui depuis vingt-cinq ans décline l’autoportrait dans un glissement irrésistible vers la terreur, les larmes, la cassure. Asia Argento incarne les deux femmes à la fois, dans cette métaphore de l’autoportrait, la recherche de sa propre image, de son émotion, de son effondrement.
Cindy est, on l’aura compris, un objet à part, un moment d’esthétique à saisir au vol, mais qui prend tout de même tout son sens au regard des longs métrages du réalisateur. Car Bonello reste avant tout l’auteur d’une œuvre, et la diversité des formes abordées n’occulte jamais une thématique et un univers bien singuliers.
Alors tout est possible. On peut prendre Cindy comme un petit morceau de poésie, et se laisser simplement porter par l’émotion, on peut aussi le relier à l’œuvre, et y chercher les fils qui s’y cachent. Ce sera toujours une jolie surprise.
(Lire notre interview de Bertrand Bonello] au sujet de ce film.)