Le 11 février 2024
Un cinéma très inspiré qui se perd parfois dans des circonvolutions hasardeuses.
- Réalisateur : Bertrand Bonello
- Acteurs : Léa Seydoux, George Mackay, Guslagie Malanda, Dasha Nekrasova
- Genre : Drame, Science-fiction, Fantastique, Romance, Expérimental, Dystopie, Drame fantastique, Policier
- Nationalité : Français, Canadien
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 2h26mn
- Date de sortie : 7 février 2024
- Festival : Festival de Venise 2023
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Résumé : Dans un futur proche où règne l’intelligence artificielle, les émotions humaines sont devenues une menace. Pour s’en débarrasser, Gabrielle doit purifier son ADN en replongeant dans ses vies antérieures. Elle y retrouve Louis, son grand amour. Mais une peur l’envahit, le pressentiment qu’une catastrophe se prépare.
Critique : Il y a eu en son temps Duras avec la traduction de la nouvelle de Henry James et très récemment La bête dans la jungle de Patric Chiha, inspiré de la même œuvre. C’est au tour de Bertrand Bonello de déployer le récit de l’écrivain anglais sur les écrans de cinéma dans une variation anticipatrice sur les questions d’intelligence artificielle. Léa Seydoux occupe le rôle principal d’une jeune femme hantée par le souvenir ancien d’un amant, qui doit purifier son ADN pour le retrouver. Comme dans la nouvelle de James, elle pressent l’imminence d’un danger dont elle ne peut pas identifier l’origine et la date de survenue. Pour autant, l’angoisse traverse les multiples vies de l’héroïne, rythmée par les sonorités musicales de chaque époque.
- Copyright Carole Bethuel
La Bête est un film hybride qui mélange les genres fantastique et romantique. Bertrand Bonello, comme à son habitude, apporte un soin particulier aux décors et costumes, tout en jouant sur l’ambiguïté des espaces qui semblent issus de la créativité sans fin d’un ordinateur. Les comédiens évoluent dans des lieux grandioses, très chics, qui traduisent à leur manière le passage du temps. L’idée évidemment est bonne, mais sans doute que le film aurait gagné à moins de longueurs, afin de tenir l’attention du spectateur. Car le propos s’enlise dans des répétitions, certes très esthétisantes, qui frôlent l’ennui et la complaisance. Le réalisateur emprunte, sans l’assumer complètement, des citations de Stanley Kubrick, Alfred Hitchcock ou encore David Lynch. Cela donne un effet assez confus, très intellectuel, qui va réjouir les passionnés de cinéma et éloigner ceux qui cherchent dans un film, une linéarité du scénario. La Bête souffre ainsi des qualités de ses défauts, à force d’en faire trop dans les jeux de style, lumière et musique.
- Copyright Carole Bethuel
L’œuvre est sauvée par l’interprétation des deux acteurs principaux : Léa Seydoux et George MacKay. Les comédiens démontrent leur capacité à dérouler des dialogues, même incompréhensibles, et à donner à leur rôle une vraisemblance et une cohérence particulières. Ils dégagent une vraie présence sur l’écran, passant par des coiffures, des costumes et des maquillages qui traversent toutes les époques. Leur interprétation est à la hauteur de leur talent, en dépit de la mise en scène assez déroutante et excessive. La Bête a la fougue des film Nocturama, L’Apollonide - souvenirs de la maison close et même Saint Laurent. À ce propos, le réalisateur dédicace son film au regretté Gaspard Ulliel qui devait être tête d’affiche de La bête et avait interprété avec puissance le rôle du célèbre couturier. On retrouve la même mélancolie, la même verve poétique, avec hélas un soupçon de déférence qui contrarie l’intégrité de la démarche et la volonté de proposer un cinéma ouvert au plus grand nombre.
- Copyright Carole Bethuel
Le retour sur les écrans de Bertrand Bonello après le très fantasque Coma ne nous aura pas totalement convaincus. Quelques scènes emblématiques comme l’incendie et la fuite des héros dans l’eau qui déborde à Paris, ou la séquence réussie qui se passe à Los Angeles ne laisseront pas indifférents, mais semblent insuffisants pour maintenir l’intérêt du spectateur pendant presque trois heures.
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