Le 10 août 2023
Ce film peu connu mérite d’être découvert, tant par sa sensibilité que par son message politique sans lourdeur.
- Réalisateur : Carlo Lizzani
- Acteurs : Marcello Mastroianni, Gabriele Tinti, Antonella Lualdi, Cosetta Greco, Anna Maria Ferrero
- Genre : Drame, Romance, Noir et blanc
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Les Films du Camélia
- Editeur vidéo : M6 Vidéo
- Durée : 1h47mn
- Date télé : 20 février 2021 23:55
- Chaîne : France 5
- Reprise: 26 avril 2023
- Titre original : Cronache di poveri amanti
- Date de sortie : 13 décembre 1957
- Festival : Festival de Cannes 1954
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– Année de production : 1954
– Reprise en version restaurée : 26 avril 2023
Résumé : Florence, 1925, Mario prend pension dans la Via del Corno chez le forgeron et communiste Maciste. Antifasciste convaincu, ce dernier est confronté aux chemises noires qui sèment peu à peu la terreur dans la ville. C’est dans ce contexte de plus en plus violent que Mario rencontre bientôt Milena...
– CARLO LIZZANI, RÉTROSPECTIVE EN 3 FILMS
Critique : Adaptation d’un roman qui a tenté Luchino Visconti, Chronique des pauvres amants cache sous ce titre un peu mélodramatique un beau film qui mêle intimement l’histoire (la montée du fascisme) et des intrigues romanesques. Sa première qualité, évidente dans la première partie, est la capacité à faire vivre un petit monde, réduit à une ruelle de Florence : on y croise des petites gens, des couples qui se forment et déjà un fasciste qui joue au chef. Ce microcosme vit ou vivote, épaulé par « Madame », usurière matoise qui se révélera assez vite pour ce qu’elle est, aussi puissante qu’inhumaine. Lizzani excelle à parcourir la ruelle, en de savants travellings qui s’arrêtent parfois à la lisière des fenêtres et il en fait un « cirque », un spectacle sans cesse commenté par les habitants, et notamment le cordonnier, savoureux. Tout se fait au vu et au su de tous, dans une ambiance chaleureuse et colorée.
Mais, époque oblige, le drame s’invite et contamine petit à petit la rue : c’est d’abord le charcutier qui refuse de payer et se fait tabasser ; c’est ensuite la course pour prévenir des « subversifs », qui aboutit à la mort de « Maciste », le ferronnier. Maciste, c’est le nom d’un héros de péplum des plus anciens (Cabiria, de Giovanni Pastrone date de 1914) : donner ce surnom à un résistant qui meurt très vite, c’est assez dire que les héros « à l’ancienne » ne peuvent rien face au danger fasciste, noir et massif. Le film alterne alors avec talent les petites histoires de couples touchants (les adieux d’Alfredo ou Mario sont particulièrement poignants) et des séquences de pur suspense : les poursuites remarquablement chorégraphiées ou l’arrestation sèche de Ugo avoisinent les plus grandes réussites du film noir. On trouve même un bel écho, volontaire ou pas, du Troisième homme.
C’est que la photographie de Gianni Di Venanzo, qui travailla par la suite pour Antonioni, Fellini ou Rosi, est constamment inventive et maîtrisée : la poursuite sur le pavé mouillé ou la succession de gros plans à la fin témoignent de cette richesse. Mais on appréciera aussi le rythme impulsé par une voix off qui précipite sans cesse le récit : pas d’emphase, mais une efficacité qui permet à ce film choral de conserver, malgré la multiplicité des intrigues et des personnages, une ferme simplicité. Passionnant, remarquablement interprété, notamment par un acteur qui débutait dans le drame (Mastroianni) et un athlète de haut niveau, touchant, Chronique des pauvres amants est aussi une description froide de ce qu’est le fascisme dans sa médiocrité quotidienne. Une bien belle découverte.
Le test DVD
Les suppléments :
Comme d’habitude dans la collection, c’est Jean A. Gili qui introduit le film : partant du titre et de l’adaptation, il en fait ressortir l’originalité (production, studio, acteur-athlète) et multiplie les apports, notamment sur les acteurs. Jamais ennuyeux, toujours précis, il sait mêler l’anecdotique à l’essentiel (29 minutes).
L’image :
En règle générale et compte tenu de l’âge du film, la copie est appréciable par sa netteté et sa stabilité. Dans le détail, certains plans sont moins contrastés.
Le son :
Là encore, la seule piste mono VOST est suffisamment claire et sans scories pour que l’on apprécie les nuances des voix ou la pertinence des bruitages.
– Sortie DVD : le 5 octobre 2016
– Reprise en version salle en 2023 dans le cadre de la rétrospective Carlo Lizzani en 3 films proposée par les Films du Camélia
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