Chok dee - la critique

Où l’on a peur que Dida soit bien vite récupéré pour devenir une sorte de Vin Diesel hexagonal.

L’argument : Petit caïd de banlieue, Ryan rencontre en prison Jean, un ancien champion de boxe thaï. Libéré, il décide d’aller en Thaïlande pour combattre.

Notre avis : La boxe thaï connaît actuellement en France un petit effet de mode. A la télévision, avec des documentaires et des retransmissions de combats, mais aussi au cinéma avec la percée internationale de films d’action thaïlandais, notamment le Ong Bak soutenu par Luc Besson. Rien d’étonnant donc à ce qu’un film retrace le parcours d’un champion de ce sport de combat parmi les plus violents. Ce qui surprend plus, c’est que ce film soit initié, en France, par Véra Belmont, et tourné par un cinéaste loin de l’image du faiseur, Xavier Durringer.
Le résultat est largement en deçà des espérances que la présence du réalisateur de J’irai au paradis car l’enfer est ici pouvait susciter. Autant les scènes de baston sont filmées avec style, loin des excès acrobatiques des longs métrages asiatiques, avec une sécheresse de forme qui donne aux affrontements une dimension plus humaine et finalement plus terrible, autant le scénario s’enfonce corps et biens dans une médiocrité sans bornes, démarrant par des scènes de prison dignes d’un téléfilm, abordant toute une série de thèmes sans en traiter aucun.
Certes, la volonté assez claire de s’adresser aux jeunes de banlieue et de leur dire qu’il faut se battre pour réaliser ses rêves fait de Chok dee un film plus recommandable qu’un Banlieue 13 volontiers régressif. Mais le propos un brin moralisateur ne va pas pas bien loin, utilise des conventions vues et revues de série B américaine.
Unique nouveauté du film, la prestation de Dida, ancien champion du monde de boxe thaï, pour la première fois acteur, et dont la biographie a été romancée pour donner Chok dee. Dans un registre physique où peu d’acteurs hexagonaux excellent, Dida prend dès son premier passage à l’écran une option pour d’autres aventures cinématographiques, du fait de son charisme incontestable et de sa sensibilité. Lorsque, dans une scène de combat, Dida se prend un coup qui le met au tapis, il lance à la caméra un regard apeuré renversant d’humanité. Un grand moment de cinéma. Le seul du film.