Le 20 octobre 2019
- Réalisateur : Abraham Cohen
- : Ad Libitum
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 4 décembre 2019
- Durée : 1h55mn
Un documentaire décapant, engagé, clairement partisan, qui raconte avec passion, le sauvetage militant d’un cinéma de quartier, le Méliès, au service d’un cinéma de qualité, hors des sentiers battus. Si le propos est encourageant quant à la manifestation d’une démocratie participative, la violence des extrémismes n’est pas sans rebuter.
Résumé : Pendant deux ans, la lutte des salariés et des spectateurs du cinéma Le Méliès a agité la ville de Montreuil. Ceux qui nous restent restitue la mémoire et la vitalité de ces moments de grève, de rage, d’espoir et rend hommage aux films qui nous font vivre.
Notre avis : On connaît les combats syndicaux pour les retraites, les salaires, ou les emplois. On connaît moins le combat mené pendant des années par les habitants d’une ville de l’Est Parisien, Montreuil, en faveur de leur cinéma, le Méliès, qui constitue un monument emblématique dans la défense d’un cinéma d’art et d’essai. Ceux qui nous restent réécrit l’histoire incroyable de cette salle, en plein cœur de la ville, qui est passée par le statut public, associatif, et que la mairie a cherché à réformer, au nom d’une gestion des deniers publics peu orthodoxes. Le film est d’ailleurs à l’image de ce combat militant. Il n’est pas encore distribué sur les écrans français et fera l’objet d’une vingtaine de projections entre fin 2019 et début 2020. Il s’agit donc d’une aventure cinématographique engagée, résolument libre, qui donne la voix à des habitants combatifs, participatifs suivant les vocables modernes, déterminés à sauver un cinéma local, un objet de patrimoine, diraient certains, au sein du paysage culturel de la Seine-Saint-Denis.
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Naturellement, Ceux qui nous restent n’est pas un cinéma politiquement neutre. C’est un film dans la trempe de ceux de François Ruffin. Le drapeau rouge de la CGT et les paroles incisives des communistes flottent en permanence dans ce récit bon enfant, honnête, qui au-delà du combat pour la survie d’un cinéma d’auteur, révèle le poids indéniable d’une démocratie populaire, là où on voudrait nous faire croire à un climat ambiant désintéressé de politique.
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On prend aussi conscience de la brutalité du combat politique, qu’on soit communiste, vert, socialiste ou de droite. Les passes d’armes lors de conseils municipaux témoignent de la violence des rapports de force entre la majorité de la ville de Montreuil de l’époque et les opposants. On prend la mesure alors du silence actuel de la maire, Dominique Voynet, qui, depuis qu’elle n’est plus à la tête de Montreuil, a abandonné la politique, tant les ripostes partisanes sont puissantes, et totalement excessives. En même temps, le film rassure sur le pouvoir démocratique du peuple qui dévie aussi - hélas - sur la démagogie. La violence des échanges, la façon aussi de couper court au débat a un effet presque rebutant sur l’engagement syndical et politique.
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En fait, le véritable enjeu du cinéma Le Méliès ne demeure pas tant sa survie que la jalousie de groupes commerciaux puissants à l’égard d’une gestion publique, jugée par eux comme défavorable à leurs intérêts mercantiles. Le cinéma, qu’on le veuille ou non, demeure une activité industrielle. Or, le film centre beaucoup le propos sur des questions de gestion des salariés du cinéma et la responsabilité supposée de la maire, esquivant le véritable problème qui est la force des lobbies des réseaux de projection. Abraham Cohen ne manque pas de courage dans cette lutte syndicale et artistique. Toutefois, il ne faudrait pas que le réalisateur s’enferme dans cette seule partition, qui pourrait le mettre en difficulté dans la poursuite de son œuvre. En effet, il démontre des qualités certaines dans le montage et la construction des images qui apportent à son propos une coloration militante. Maintenant, on a hâte de découvrir ses œuvres futures.
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