Le 29 avril 2019
Un film mineur de Losey certes, mais dont la redécouverte sera sans doute appréciée par les admirateurs de ce cinéaste au style unique.


- Réalisateur : Joseph Losey
- Acteurs : Mia Farrow, Elizabeth Taylor, Robert Mitchum
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : Splendor Films
- Durée : 1h45mn
- Reprise: 1er mai 2019
- Titre original : Secret Ceremony

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Résumé : Leonora, une prostituée sans un sou et vieillissante de la banlieue londonienne, se rend au cimetière pour pleurer sa fille, noyée des années auparavant. Sur le chemin, elle rencontre Cenci, une fille atteinte de troubles du comportement, qui a perdu sa mère et vit seule dans la grande maison de famille. La ressemblance de Leonora avec la mère décédée mènera la jeune femme à l’accueillir comme sa maman retrouvée. Mais tout cet équilibre est voué à disparaître lorsqu’Albert, le beau-père de Cenci, revient des Etats-Unis.
Critique : D’un point de vue narratif, le film se structure autour des tentatives des trois protagonistes principaux de reconstruire une unité familiale fatalement endommagée. Afin de surmonter l’insupportable douleur de la mort d’un proche, autant que par intérêt, Leonora et Cenci prétendent être mère et fille, la jeune femme agissant comme si elle était une adolescente, pendant que Leonora devient de plus en plus possessive et jalouse. C’est dans ce contexte qu’intervient l’arrivée d’Albert, vraisemblablement agi par des motivations vénales - mettre la main sur le patrimoine de la belle-fille - ainsi que morbides - recommencer à abuser d’elle, comme avant son départ pour l’Amérique. L’ensemble de ces relations aboutit à une cohabitation improbable et macabre, un triangle pervers entre haine, inceste et passion amoureuse.
Sorti la même année que Boom (1968), la collaboration entre Losey et Taylor se renouvelle dans ce drame psychologique baroque, tiré d’un conte de l’Argentin Marco Denevi. Si, d’une certaine façon, Losey semble reconstituer le schéma en huis-clos de The servant (1963), où la plupart des séquences se passent dans les pièces d’une maison de la campagne anglaise, à d’autres égards le dispositif n’a pas la même efficacité ici, où la grande maison londonienne surcharge l’esthétique baroque de la mise en scène, plus qu’elle n’accompagne la narration, sans créer l’ambiance idéale pour le déroulement des événements.
Par ailleurs, contrairement à The Servant, tiré d’une pièce de Harold Pinter, le scénario de Cérémonie Secrète, écrit par le Hongrois George Tabori (coscénariste de La loi du silence de Hitchcock -1953) n’a pas la même cohérence et le même style sombre et onirique. La partie finale, notamment, présente quelques longueurs, à partir du moment où l’action quitte le contexte citadin pour s’installer sur la côte anglaise, où Leonora et Cenci se rendent en vacances.
En ce qui concerne la distribution, on remarquera l’interprétation de Taylor, vedette alors sur le déclin, qui, en collaborant avec Losey, essaya de s’affirmer comme actrice dans le film d’art et d’auteur, sans vraiment y parvenir. Quant à Mia Farrow et Robert Mitchum, leurs interprétations sont moins efficaces, Farrow n’étant pas vraiment crédible dans le rôle de la jeune femme à la personnalité régressive et Mitchum ne s’investissant pas vraiment dans son rôle.
Un film mineur de Losey certes, mais dont la redécouverte sera sans doute appréciée par les admirateurs de ce cinéaste au style unique.