La bête s’éveille - Joseph Losey - critique

Critique : Il faut dire que le dernier fait d’arme du jeune homme est d’avoir agressé Esmond dans la rue pour lui voler son portefeuille. Le psychiatre souhaite disposer de Frank à tout moment afin de le comprendre et de pouvoir le ramener dans le droit chemin. Si Frank se tient à peu près correctement en présence d’Esmond, il n’en est pas de même avec Glenda, son épouse (Alexis Smith), avec qui il est particulièrement insolent, et avec Sally (Patricia McCarron) la domestique, envers laquelle il se montre carrément odieux et menaçant.

Il s’agit du premier long métrage que l’Américain Joseph Losey, chassé par le maccarthysme, tourna en Grande-Bretagne, où il travailla ensuite pour réaliser la plupart de ses longs métrages. C’est aussi le premier des cinq films dans lequel il dirigea Dirk Bogarde.

Si la mise en scène réussit à mettre en place une forme de huis clos étouffant et d’une tension palpable, juste coupé par les "fugues" nocturne de Frank et quelques balades à cheval, activité favorite de Glenda, les rebondissements et l’évolution des personnages sont tout de même un peu invraisemblables. La passion soudaine de Glenda pour Frank, qui fait suite à une réelle aversion, en est l’exemple le plus criant.

Néanmoins, assorti d’un dialogue souvent ambigu, ce film dominé par l’interprétation d’un Dirk Bogarde, antipathique et pervers à souhait, est un intéressant thriller psychologique.
La fin, surprenante, est tout à fait réussie et donne tout son sens au titre original : le tigre endormi.