Pour l’exemple - Joseph Losey - critique

Critique : Arthur Tramp, engagé volontaire britannique depuis plusieurs mois, a été le seul rescapé d’un assaut allemand. Hébété, il a fui quelques heures avant d’être arrêté et ramené dans la tranchée de son bataillon.

L’intrigue basée sur un sujet comparable au célèbre film de Stanley Kubrick, Les sentiers de la gloire (Paths of Glory, 1957), s’en éloigne sur la forme, pour proposer une œuvre austère et extrêmement sobre. Elle va se dérouler le temps d’une nuit : la préparation et le déroulement du procès sommaire suivis de peu du verdict. Le récit détaille les relations entre le jeune soldat, perdu, décontenancé mais encore confiant, et son avocat, qui masque ses opinions sous une froideur de façade. D’autre part, il décrit l’ennui et le désœuvrement d’un groupe de soldats, souvent jeunes, qui se chamaillent dans la boue et se saoulent à la première occasion. Les gradés, quant à eux, appliquent presque mécaniquement les ordres transmis par l’état-major, avec une lassitude désabusée. De toute façon, quel que soit le sort réservé à Tramp, il faudra dès le lendemain repartir au front pour une nouvelle offensive.

Joseph Losey, auréolé du succès de The Servant, proposait ici un long métrage d’une certaine radicalité, qui dénonce avec force les horreurs et l’ironie de la guerre. La fin, sans ménagement dans son traitement, est tout à fait glaçante.

Au sein d’une distribution exclusivement masculine, Tom Courtenay, proche de la sidération, et Dirk Bogarde (un habitué de Losey), tout en retenue, sont excellents l’un et l’autre.