Caravane - La chronique BD

Dans un album couleur sable et un désert couleur nuit, un homme a rejoint une caravane pour la première fois. Il s’interroge, s’étonne, pose des questions, observe. Il marche, il grimpe, il souffre.

Voyageurs, guides, chameliers et chameaux glissent lentement sur les dunes, suivant un rythme régulier. Le même que celui de Caravane : une succession de chapitres courts, avec, chaque fois, une page de sable blanc et quelques mots qui donnent le cadre, puis trois pages de dessin, la première toujours pleine.

Bernard Olivié & Jorge Zentner, Caravane, Frémok, 2003

Certaines cases se répètent, des motifs reviennent, les paroles se font rares. Et "la caravane avance sur un fil de sable secoué par le vent". Le scénario de Jorge Zentner est poétique, épuré, murmuré dans un souffle. Il semble flotter, un peu haut parfois, dans la grande nuit étoilée - plus lourd, sur le sable, ses traces s’effaceraient à peine la page tournée.

Le dessin de Bernard Olivié, en noir, blanc et gris, est envoûtant. Une magie qui se dégage de ces formes marquées, décomposées (le vent semble formé de milliers de langues qui s’enroulent autour des voyageurs), de ces images au trait enfantin (étoiles, rochers, animaux), de cette capacité à ne pas se faire prendre au piège d’une vitesse qui n’a pas cours lorsque le récit chemine pas à pas. Caravane est à lire gentiment. En laissant traîner ses yeux au loin dans l’horizon.