Le 18 mai 2015

- Festival : Festival de Cannes 2015
Au programme de cette sixième journée du Festival de Cannes 2015 : un Vincent Lindon piégé par la loi impitoyable du marché, et un nouveau Joachim Trier, toujours aussi dépressif. Et Pixar.
Au programme de cette sixième journée du Festival de Cannes 2015 : un Vincent Lindon piégé par la loi impitoyable du marché, et un nouveau Joachim Trier, toujours aussi dépressif. Et Pixar.
L’inhumanité intrinsèque du marché du travail, avec ses variables qui nous dépasse et sa logique insensible, relèverait presque d’une loi du hasard si on ne l’expliquait par les désidératas de quelques dirigeants malfaisants. Cette règle cruelle, c’est elle qui d’un battement de cil anodin scelle le destin des travailleurs. C’est un peu de tout ça dont il est question dans La Loi du Marché. Ce hasard machiavélique, c’est aussi celui qui s’abat sur la famille Reed dans Plus lourd que les bombes, où un père et ses deux fils ne parviennent pas à se relever après la mort de la mère. Une façon détournée d’évoquer une nouvelle fois dans cette compétition le rapport aux femmes.
Alors que Stephane Brizé a une nouvelle fois choisi la formule du plan séquence pour traduire l’inéluctabilité de la souffrance sociale, Joachim Trier répond quant à lui par des touches plus subtiles. Un patchwork créatif fait de collages où l’on navigue dans l’inconscient d’une famille endeuillée. Pas de révolution majeure ici laissant présager une Palme d’or, mais deux oeuvres étincelantes, chacune à leur manière...
La critique de La Loi du Marché est à lire ici, celle de Plus fort que les bombes par là.
A l’heure où tous les regards sont toujours tournés vers Le Fils de Saül, il est intéressant de noter que Claude Lanzmann (Shoah, Le dernier des injustes...) est apparu sur une photo de Thierry Frémaux en compagnie... du réalisateur hongrois László Nemes. Une bonne nouvelle, lorsque l’on sait que Lanzmann était l’auteur en 1994 d’un article paru dans Le Monde intitulé Holocauste, la représentaton impossible.
Présenté en soirée au Jury, le Pixar Vice Versa a enfin su séduire les critiques, réticentes aux dernières productions maison (notamment Cars 2). Cette abstraction de l’héroïne, réduite à ses émotions, toutes bouleversées par l’approche de la puberté, est un peu à l’animation ce que Boyhood est au cinéma traditionnel, une oeuvre importante sur le jeune et son rapport aux autres. On partage l’enthousiasme général, cette curiosité animée évoquant les grands films du studio avalé par Disney.
Mardi, septième journée du 68e Festival de Cannes 2015, seront projetés au Grand Théâtre Lumière Sicario, de Denis Villeneuve et Marguerite et Julien, de Valérie Donzelli. Deux rendez-vous incontournables qui, on l’espère, réveilleront un peu ce festival un chouïa en-dessous des attentes pour le moment...
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