Cadillac : après Stupeflip, l’indéfinissable rappeur se lance en solo

Notre avis : On le connaît pour ses interventions ponctuelles aux côtés de ses confrères King Ju et MC Salo de Stupeflip, groupe de musique alternative mélangeant rap, rock et ritournelles de variété. Sa marque de fabrique : brailler des couplets absurdes et pétris d’humour potache. Une recette simple, qui fonctionnait particulièrement bien dans son contexte. En n’intervenant que deux ou trois fois par album, le personnage de Cadillac apportait une contribution intéressante à l’univers protéiforme de Stupeflip, sans risquer de lasser le public du trio.
Mais les ficelles sont grosses. Leur mise en œuvre à l’échelle de tout un projet solo pouvait faire craindre des redondances ... voire un résultat trop prévisible, ou même indigeste.
℗© Etic System
Pourtant, il n’en est rien. Avec Originul, Cadillac relève avec brio son pari : prendre un personnage secondaire et caricatural pour en faire l’acteur principal d’une œuvre qualitative et cohérente. Les morceaux s’enchaînent avec fluidité. Au fil des pistes, l’univers de Cadillac s’étoffe sans que l’écoute ne se révèle trop répétitive. Le storytelling incongru et les jeux de mots grossiers arracheront quelques sourires. Pour autant, à aucun moment l’album ne tombe dans l’écueil du ridicule, porté par cette musicalité expérimentale à la croisée des genres qui avait déjà fait le succès de Stupeflip.
Là encore, en aucun cas cette influence de l’école Stupeflip ne prend le pas sur l’identité du projet. Pour preuve, on ne retrouvera King Ju et MC Salo que sur 3 des 21 pistes : Débile, Arkboot et Ego Slave. Cadillac a donc tout le loisir de développer et même d’imposer son identité propre.
Originul représente un excellent premier jet pour Cadillac. Les fans de la première heure prendront plaisir à retrouver sa personnalité si singulière sur un format long. Les profanes, quant à eux, se laisseront surprendre par sa formule décalée. Reste à voir s’il saura transformer l’essai sans essouffler son personnage.