Jon Fratelli : Bright Night Flowers - la critique de l’album

Notre avis : Délaissant momentanément les Fratellis, John Lawler s’éloigne aussi des ambiances post punk de son groupe initial, pour poser sa voix sur des ambiances plus éthérées. Si les inflexions de sa voix évoquent immanquablement celles de David Bowie, en plus nasillardes, sa musique alterne les morceaux country d’une facture assez orthodoxe ("Evangeline", "Somewhere" ou "Crazy lover song") et des ambiances pop plus convaincantes, où la mélancolie s’accorde à une certaine poésie sibylline : "Les fleurs de la nuit lumineuse demandent la poussière/Faites-les nôtre et blâmez la rouille" chante l’artiste sur sur les premières notes "Bright Night Flowers", qui se détache des autres compositions par sa grâce mélodique évidente. Mais l’ensemble se traîne comme une rêverie amplifiée par un écho, de sorte que l’album forme une sorte de continuum tranquille de semblables morceaux : les ballades y figurent, telles qu’on les imagine dans leur habillage mainstream, piano et violons en contrepoints, charmantes à souhait, parfaitement convenues.

Copyright Cooking Vinyl, 2019

Les paroles sont à l’avenant, d’une élégance formelle qui les confine à leur affectation ("Cela aussi passera, baisse ta garde un moment/
Mets ta robe de mariée et sortons avec style"), même lorsqu’elles racontent métaphoriquement la jalousie amoureuse ("Je rêvais de toi quand mes yeux ont pris feu/Dans ma chambre solitaire tard hier soir/Tu brûlais à travers les vitres de mon défilé jaloux").
N’importe quelle chanson de cet album plaisant et insipide aurait pu être signée par un songwriter appliqué qui lorgnerait vers un succès d’estime. C’est sans doute beaucoup pour un seul artiste, mais assurément, ça laissera plus d’un auditeur sur sa faim.