Sunset boulevard
Le 27 mars 2022
Un plaisir coupable digne du cinéma sauvage et libre dont il se revendique. Jouissif, d’un bout à l’autre.
- Réalisateur : Quentin Tarantino
- Acteurs : Kurt Russell, Rosario Dawson, Vanessa Ferlito, Rose McGowan, Michael Parks, Zoë Bell
- Genre : Action
- Nationalité : Américain
- Distributeur : TFM Distribution
- Durée : 1h45mn
- Date télé : 31 mars 2022 22:30
- Chaîne : Arte
- Titre original : Grindhouse: Death Proof
- Date de sortie : 6 juin 2007
- Festival : Festival de Cannes 2007, Sélection officielle Cannes 2007 (en compétition)
Résumé : "Death Proof" est le premier segment du dyptique déjanté {Grindhouse} réalisé par Quentin Tarantino : un psychopathe nommé Stuntman Mike tue des femmes avec sa voiture.
Critique : Il y a quelques années, Tarantino a crée chez Miramax le label Rolling Thunder pour ressortir en salles quelques perles de la sous-culture. Grindhouse, terme qui servait à désigner les drive-in américains, peut être vu comme l’aboutissement de cette volonté de rendre cette sous-culture accessible au plus grand nombre en vantant la coolitude. Si pour sa sortie européenne le projet Grindhouse est fragmenté en deux films (la seconde partie réalisée par Robert Rodriguez sortira plus tard), le segment de Tarantino est lui-même divisé en deux parties distinctes liées par un seul personnage, celui du tueur incarné par un Kurt Russell revenu de tout. Dans ce road movie qui carbure dans le sillage de Duel et Hitcher, il n’est pas utile de désosser les hommages ou connaître les références de tout un pan de cinéma seventies pour apprécier le voyage psychédélique à sa juste valeur. Tarantino ne se contente pas de faire dans le recyclage. Avec son sens de l’humour tordu et du détail maniaque, il apporte dans cet objet référentiel une touche personnelle qui se traduit par la présence de ses deux grandes obsessions : les pieds féminins (répétés depuis Pulp fiction) et les voitures américaines (depuis Reservoir Dogs).
La grande scène de la collision située en plein milieu du récit, montrée du point de vue des quatre victimes, est un moment de cinéma virtuose. Il suffit au cinéaste d’amplifier l’horreur en la répétant avec force ou de l’annoncer en se focalisant sur une jambe à travers une fenêtre pour marquer l’intensité. Ce climax percutant remplace la scène de viol de Rape and Revenge comme La dernière maison sur la gauche, de Wes Craven ou I Spit on Your Grave, de Zehr Marchi. De même qu’on s’évoque Brian De Palma pour les deux histoires qui s’entrechoquent en donnant une nouvelle perspective au récit (Pulsions). Dans le look (vêtements, coiffures), les personnages féminins (au nombre de huit, si on exclut la première victime) renvoient à des icônes seventies du genre Faster Pussycat, Kill Kill !, même si elles n’ont pas les opulences mammaires chéries par Russ Meyer.
Certains éléments sont volontairement discordants pour créer un décalage entre le style seventies et le monde actuel. Les personnages utilisent par exemple leur téléphone portable pour communiquer entre eux, trahissant ainsi les repères temporels. A la manière de ses protagonistes, Tarantino tente de faire comme s’il avait réalisé son film dans les années 70 mais parsème suffisamment d’indices et de clés pour qu’on déniche la supercherie. En contrepartie, les conversations excessivement nombreuses sont filmées en travellings latéraux ou circulaires et déterminent les psychologies de personnages féminins qui ne cherchent pas les meilleurs morceaux de Madonna (Reservoir Dogs). Le fait que la première protagoniste, jolie black entre Laura Gemser et Pam Grier dans les pittoresques années 70, à la fois arrogante et sexy, anime une émission de radio en star locale, est à mettre en relation avec l’animateur radio dans Point limite zéro [1], film nommément cité dans ce segment de Tarantino. S’il y avait une référence à dénicher, ce serait celle-ci tant elle justifie l’époustouflante scène finale de course-poursuite. C’est un moment de bravoure équivalent à la longue scène de tuerie de la House of Blue Leaves dans Kill Bill 1 qui devrait rester dans les mémoires.
[1] Vanishing Point de Richard C. Safarian, 1971
Le choix du rédacteur
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
lamazelle 13 juin 2007
Boulevard de la mort - Quentin Tarantino - critique
On sort de ce film avec la sensation d’un plaisir intense ! Comme toujours chez Tarantino, les ingrédients sont soigneusement choisis, la technique est maîtrisée, les références évidentes intelligemment utilisées.... Cela donne un cocktail d’humour unique et décapant. De l’émotion pure !
Norman06 26 avril 2009
Boulevard de la mort - Quentin Tarantino - critique
Mineur dans la brillante filmographie de Tarantino, ce divertissement souffre de deux interminables dialogues sans intérêt mais les deux poursuites en voitures compensent avec des séquences qui feront date dans le cinéma !