Le 5 juin 2007
Avec Boulevard de la mort et A l’intérieur la semaine prochaine, du sang frais coule dans nos salles ! Le cinéma horrifique est de retour pour contrecarrer les plans d’un retour à l’ordre moral. Et à aVoir-aLire, on en redemande...
Avec Boulevard de la mort et A l’intérieur la semaine prochaine, du sang frais coule dans nos salles ! Le cinéma horrifique est de retour pour contrecarrer les plans d’un retour à l’ordre moral. Et à aVoir-aLire, on en redemande...
Des films d’horreur sur la Croisette (Boulevard de la mort) et à la une de Libération (Land of the dead ; des rétrospectives Carpenter, Romero ou Argento à la Cinémathèque ; des éditions à répétition des chefs d’œuvre morbides de Lucio Fulci en DVD... Le cinéma horrifique serait-il enfin sorti de son ghetto ? Une question légitime après des décennies de mépris pour un genre traîné dans la boue par la plupart des éminents critiques, à peine mentionné dans les mensuels à gros tirages, totalement ignoré par la presse cinématographique dite exigeante. L’épouvante dans les années 70 et 80 était réservé aux ados, à la populace inculte des quartiers populaires - où l’on trouvait tous les cinémas spécialisés dans les productions de genre, les mythiques salles bis fameuses pour leurs doubles programmes - aux populations immigrées et aux amateurs de la contre-culture qui se repaissaient de spectacles à deux balles, souvent mal doublés, mais à l’exploitation généreuse en émotions.
Après une décennie de désaveu durant laquelle l’épouvante a été restreint aux seuls étales des vidéoclubs, une décade marquée par l’avènement des multiplexes qui l’ont écarté des grands circuits, où même Avoriaz crachait dans la soupe en enterrant son institutionnel festival car finalement l’on trouvait que le sang faisait tache sur la blanchâtre neige de ses pistes, les années 2000 ont vu le score des films d’horreur exploser au box office. Scream avait annoncé la couleur en 1997 en rameutant les ados du monde entier. Plus de 100 millions de dollars au box-office américain. Faramineux. Plus tard, les triomphes des remakes de Massacre à la tronçonneuse et de Zombie, mais aussi Saw et ses trois séquelles ont prouvé que le temps des images aseptisées était révolu. Comme si le monde assombri par les attentats du 11 septembre et sujet à un pessimisme généralisé avait besoin de retrouver ses tourments sur le grand écran dans de violents divertissements métaphoriques, véritables exutoires de leur époque. Certains trouvent dans ces moments d’artifices macabres le pur plaisir d’une esthétique tourmentée, d’autres des frissons dignes d’un Space Mountain sans ceintures, voire matière à mieux réfléchir sur la société à travers des sous textes sociaux souvent chargés (chez Romero ou récemment dans le Abandonnée de Nacho Cerda).
L’ère de l’Internet qui a rassemblé les aficionados du genre en congrégations puissantes, le renouvellement des critiques, plus jeunes, fidèles à leurs goûts d’adolescents qui ont grandi dans les années 80 dans le culte de la VHS, et le respect des producteurs face aux recettes gargantuesques pour ces productions aux budgets minuscules expliquent le capital de sympathie dont jouit aujourd’hui ce genre. Aidé il est vrai par des réalisateurs puissants qui ont su imposer leurs références au public le plus large. Quentin Tarantino et Robert Rodriguez les premiers. Ces deux compères, en sortant le double programme Grindhouse, budgété à environ 100 millions de dollars, ont réussi l’impossible. Attirer l’intelligentsia, l’élite culturelle vers des purs produits de cinéma bis comme il y en avait tant dans les seventies. Des visionnaires qui n’ont rien inventé mais qui vont jusqu’au bout de leurs idées avec une efficacité imparable.
Cette semaine, Boulevard de la mort de Tarantino déboule sur nos écrans. Une bombe qui s’octroie les meilleurs écrans de France (dont le meilleur à Paris, le Max Linder !) et qui connaîtra très probablement un succès inimaginable pour une production de ce type il y a encore quelques années. Et quand on sait que la semaine prochaine Julien Maury et Alexandre Bustillo nous convieront au spectacle horrifique le plus gore de l’histoire du cinéma français avec l’intransigeant A l’intérieur, on se félicite de cette formidable diversité, véritable pied de nez aux valeurs morales démagogiques dont on annonce un retour en force inquiétant pour 2007. Allez savoir pourquoi !
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