Le 11 octobre 2017
Un film méconnu, adaptation aussi inattendue que réussie de Sagan par le grand Preminger.
- Réalisateur : Otto Preminger
- Acteurs : Deborah Kerr, David Niven, Jean Seberg
- Genre : Drame, Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Carlotta Films
- Durée : 1h34mn
- Reprise: 11 octobre 2017
- Date de sortie : 7 mars 1958
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– Sortie Blu-ray : le 23 novembre 2016
Résumé : Cécile, 18 ans, vit à Paris avec son père Raymond, un richissime et séduisant veuf quadragénaire, qui ne lui impose aucune contrainte, même pas celle de ses études. À l’exemple de son père, la vie de Cécile ne semble être que futilités : suites de sorties en boîtes avec flirts successifs. C’est parce que quelque chose s’est brisé en elle durant leurs dernières vacances sur la Côte d’Azur. Depuis, Cécile connaît la tristesse et elle se souvient… En compagnie de son père et de sa petite amie du moment, la jeune Elsa, ils s’étaient installés pour passer l’été dans une superbe villa entourée de pinèdes et donnant sur la mer. Leur séjour s’annonçait lumineux et gai, à l’image de la blonde et joyeuse Elsa, farniente alternant avec dîners à Saint-Tropez ou soirées à Monte-Carlo. Et ce, jusqu’à l’arrivée d’Anne Larson, créatrice de haute couture et maîtresse femme, autrefois amie de la mère de Cécile et que Raymond ne se souvenait plus avoir invité..
Notre avis : Une jeune mondaine fréquente restaurant et dancing à la mode, mais son regard est ailleurs, sa voix off parle de souvenirs, d’un « mur de souvenirs » ; cette femme-adolescente, Cécile, incarnée véritablement par Jean Seberg, fuyante, est amoureusement filmée en noir et blanc, comme une énigme que les gros plans échouent à percer. La grâce de ce début, cette fausse légèreté qui sent le drame, devient une entrée en matière intrigante, mais aussi un premier film en soi : Preminger, avec une élégance remarquable, évoque en quelques minutes une vie de futilités et dont la suite est prévisible ; plus tard, c’est Anne, servie par la classe de Deborah Kerr, qui imaginera l’avenir d’un couple, comme si tout était déjà écrit. C’est que Bonjour tristesse tient du mélodrame, bien sûr, mais aussi de la tragédie dans son accomplissement inexorable : dès que Cécile intervient, elle qui n’est que superstition modifie le destin et lui impose une bifurcation narrative. En d’autres temps, on eût invoqué des dieux moqueurs.
La voix off introduit, de manière très classique, un flash-back, que les couleurs chaudes de la Méditerranée opposent au gris du début. Très aériennes, les premières séquences dessinent un univers de douceur feutrée et oisive dans lequel Cécile évolue, mi-femme, mi-enfant, en harmonie avec la vie amorale de son père ; l’apparition d’Anne transforme l’insouciance, lui donne un poids, une gravité qui rappelle à quel point la légèreté est impossible et ne peut durer. Sévère dans ses principes, Anne s’indigne très tôt ; elle régit, interdit. Et s’oppose à Cécile, ce qui provoquera sa perte. De cette opposition forte, Preminger ne fait pas une caricature, laissant sa chance à chaque personnage, d’autant qu’il dispose d’une brochette de comédiens de haut vol. Il va de l’un à l’autre avec des travellings soyeux, exploitant l’écran large pour y glisser des détails étonnants (la domestique qui boit, par exemple) et donner une vie supplémentaire à cette histoire intimiste.
Ne mégotons pas : outre l’intelligence de la mise en scène, la splendeur des comédiens, ce film à la beauté amère est une réflexion subtile sur la responsabilité et le passage à l’âge adulte. On reste confondu devant l’aisance avec laquelle le cinéaste mêle la grande forme hollywoodienne (cinémascope, musique symphonique) et la finesse des sentiments, la légèreté et le drame, la fluidité moderne et l’héritage classique ; d’une certaine manière, on est entre Minnelli et Godard, le Godard du Mépris ; mais surtout, Bonjour tristesse laisse le spectateur pantelant devant tant de beauté et d’émotion et les dernières images, Jean Seberg devant un miroir, entre crème et larmes, a de quoi marquer durablement l’esprit.
Les suppléments :
Un charmant petit monstre est un entretien avec le fils de Sagan, qui revient sur les conditions de publication du livre comme sur le tournage du film, avec d’intéressantes précisions (14 minutes). Plus riche encore, l’analyse fouillée du style de Saul Bass et de sa collaboration avec Preminger (21 minutes). Deux extraits muets d’une minute (des essais et un moment de tournage) sont dispensables, mais les deux entretiens, avec Preminger (en français) et Seberg sont de précieux témoignages et, pour le dernier, particulièrement touchant.
L’image :
La restauration 4K a stabilisé l’image, magnifié les couleurs et, excepté quelques légers fourmillements, c’est une magnifique copie que le Blu-ray nous donne à voir.
Le son :
Là aussi les deux pistes (DTS-HD Master Audio 1.0, VO et VF) ont bénéficié d’un travail attentif qui restitue toutes les nuances des voix, mais aussi la musique symphonique, sans souffle ni parasites.
Galerie Photos
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