Le 28 mars 2020


- Scénariste : Raul Arino>
- Dessinateur : Raul Arino
- Genre : Drame
- Editeur : Sarbacane
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 4 mars 2020
Bluesman nous emporte dans un polar rythmé au coeur du monde du blues. Barry, chauffeur de bus, mène une vie tranquille jusqu’au moment où l’on annonce que le mystérieux tueur du blues est toujours recherché. Sa vie va alors basculer.
Résumé : Raul Arino écrit et dessine cette BD, adoptant un graphisme particulier qui donne toute sa saveur à l’histoire.
Critique : Le récit surfe sur les codes du polar, avec un personnage entaché par un lourd passé qu’il ne parvient pas à fuir, un enchaînement de mauvais choix, une femme fatale et un maître-chanteur. Mais Raul Arino, en positionnant son histoire dans l’univers de la musique blues, nous offre de beaux rebondissements, des figures attachantes et quelques belles surprises.
Barry, le héros, est sur la pente glissante et il ne parvient pas à faire autrement qu’à s’enfoncer plus, et l’on souhaite rapidement qu’il trouve une porte de sortie. En effet, on s’attache à ce grand colosse qui cache son passé, ce père aimant et ce mari un peu jaloux.
Loin d’être parfait, ce personnage nous entraîne à ses côtés dans cette spirale infernale. L’histoire se construit sur les erreurs et les fêlures de Barry. Ces bonnes surprises, selon nous, sont atténuées par un retournement final et une chute qui se révèlent trop facile. Comme un beau morceau de blues triste à vous fendre le cœur, puissant, dont la dernière mesure vous offre un accord tout joyeux, qui tranche avec le reste du morceau. Bon, comme c’est la fin de l’histoire qu’on évoque, on se gardera bien de vous la révéler. Du coup, parlons du dessin.
Copyright Sarbacane
Le graphisme de Raul Arino est très beau. Ces personnages taillés dans la matière brute, immenses, en pointe, souvent disproportionnés, fonctionnent à merveille dans ce monde aux décors esquissés.
Soit marqué aux traits de contour, soit dessiné aux volumes et formes, le graphisme nous réserve également de belles surprises. Les cases s’abstiennent de tout contour et laissent exploser ce trait, ce tracé où se mélangent différentes techniques, couleurs en aplat, fusain, ambiance aquarelle, un mélange subtil entre un noir et blanc ponctué de gris et des zones de couleur, marquant certains éléments, là, une guitare, ailleurs un bâtiment. Et soudain, tout bascule dans des cases jouant sur des ambiances colorées, des atmosphères rougies, bleutées, où les personnages sortent des ombres pour prendre, eux aussi, des teintes colorées. Si le dessin est beau, la gestion des couleurs est magnifique.
Refusant la dimension réaliste que l’on peut attendre du polar, Raul Arino nous offre une immersion dans un monde au design particulier, qui se marie à merveille avec l’histoire.
Bluesman est un polar à l’intrigue efficace mais qui se termine, selon nous, par un retournement décevant. Cette BD offre une histoire au dessin envoûtant que l’on se prend à feuilleter de nouveau, juste pour le plaisir de redécouvrir une case, une planche, une trouvaille visuelle.
72 pages – 18€