Publié il y a quelques années aux éditions Fleuve Noir, Billi Joe, de Jean-Paul Nozière, vient de ressortir chez Thierry Magnier. L’occasion de (re)lire un roman mêlant deux registres. D’abord celui du polar, ensuite celui du roman social. C’est l’histoire d’un pauvre type qui se fait appeler Billi Joe car ça sonne américain, beaucoup plus que Romain Lheureux. Car l’Amérique, il l’aime... Passionnément ! Mais la seule chose qu’il en connaisse, c’est un parc d’attractions situé à Marne-la-Vallée. Un bon début... Dans ce petit village au sein duquel les commérages vont bon train, tout le monde se fout de Billi Joe, éleveur de chiens très porté sur la bouteille, qui laisse crever ses bêtes dans une totale indifférence.

Et puis il y a Fred Naho, un journaliste, écrivain raté, qui est contacté par "L’éternel", un tueur qui sévit dans la région. En marge de la police, il va mener son enquête et tenter de l’identifier. Mais tout ça n’est pas du goût de son directeur, un député qui fait la pluie et le beau temps en matière d’information. Nozière en profite pour dresser le portrait vachard d’une petite ville de province débordante de fiel.

Règlements de compte, politicards véreux, vacheries entre voisins... Quand les rumeurs se propagent aussi vite que les ragots, l’atmosphère est aussi proche et oppressante que celle des films de Chabrol. Mais l’auteur dresse surtout le portrait sensible et fort d’un paumé livré à lui-même, abandonné par la société tout entière. Un homme complètement brisé par la vie et par son expérience peu commune du pire. Indiscutablement, ce mélange des genres réussit très bien à Nozière.