De la Iglesia sort son clown exterminateur
Le 3 novembre 2011
Cette farce foisonnante, excentrique et baroque permet à Alex de la Iglesia d’user à outrance d’un humour corrosif contre le totalitarisme franquiste. Dommage que la mise en scène éblouissante soit quelque peu ternie par un récit qui part en vrille.
- Réalisateur : Álex de la Iglesia
- Acteurs : Carlos Areces, Antonio de la Torre, Caroline Bang
- Genre : Comédie, Drame
- Nationalité : Espagnol, Français
- Durée : 1h47mn
- Date de sortie : 22 juin 2011
- Festival : BIFFF 2011
Cette farce foisonnante, excentrique et baroque permet à Alex de la Iglesia d’user à outrance d’un humour corrosif contre le totalitarisme franquiste. Dommage que la mise en scène éblouissante soit quelque peu ternie par un récit qui part en vrille.
L’argument : Espagne, 1937. Pendant la guerre civile, un clown est contraint de combattre avec l’armée. Emprisonné puis tué, il laisse un fils, Javier. Des années plus tard, sous le régime de Franco, Javier est embauché dans un cirque pour y jouer le rôle du clown triste. Très vite, il tombe amoureux de Natalia, trapéziste et compagne de Sergio, le clown joyeux du cirque. Une sombre rivalité s’installe alors entre les deux hommes.
Notre avis : Sous le chapiteau, des rires d’enfants jaillissent des gradins à la vue du clown. Ils seront vite écourtés par l’horreur de la guerre civile qui vient frapper à la porte du cirque, avant de frapper l’Espagne tout entière suite au coup d’État perpétré par l’armée nationaliste du général Franco. Marqué par la montée en puissance du "Caudillo", Alex de la Iglesia exprime sa crainte à venir pour le peuple espagnol, après cette entrée en matière marquant la fin d’une époque d’insouciance, lors d’un générique (composé d’images d’archives) qui voit défiler toutes les représentations du mal (des grands dictateurs de l’Histoire aux monstres les plus célèbres du septième art). À ce propos, interviewé à la dernière Mostra où il le présentait, il rappelait à quel point "le film parle d’une chose compliquée, d’une chose vraiment dure : le passé de l’Espagne. Je parle des choses que tout le monde a dans la tête ; de l’expérience douloureuse de la guerre civile."
Cette douleur, de la Iglesia la véhicule à travers le personnage de Javier que l’on retrouve en faisant un saut en avant dans le temps, et qui en mémoire de son père devient clown à son tour. Une des jouissances que procure le réalisateur ibérique est de nourrir son cinéma de films qu’il a appréciés étant plus jeune. Ainsi, le terrain vague jouxtant le cirque, au milieu duquel jaillit la splendide trapéziste (telle un ange), semble tout droit sorti des Ailes du désir de Wim Wenders. Et de désir, il en sera question puisque deux hommes se livreront une bataille sans merci pour ses beaux yeux... Quant au récit, il change complètement de visage, à l’image de Javier sous acide (au propre comme au figuré, non sans rappeler le Joker).
Dès ce moment, Balada triste de trompeta bascule dans l’humour noir et déjanté, voire trash, où tous les coups sont permis. Empruntant à l’univers stylisé du Batman de Tim Burton, Alex de la Iglesia s’en donne à cœur joie en déployant toute la maestria graphique qu’on lui connaît, pour fustiger le chaos total dans lequel l’Espagne s’est gravement fourvoyée. Livrant son film qui lui tenait le plus à cœur, il se laisse finalement emporter par des émotions passées sous silence ; lesquelles, profondément enfouies, resurgissent à l’écran, après toutes ces années, sous l’apparence d’un tourbillon de folie qui pourrait en laisser plus d’un pantois.
Président du jury au dernier festival de Venise, Quentin Tarantino ne s’y est pas trompé en lui octroyant le Lion d’argent du meilleur réalisateur. Par contre, le prix du scénario laisse un goût amer dans la bouche...
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roger w 8 juillet 2011
Balada triste - la critique
Comme souvent avec le cinéaste, on frise l’indigestion dans ce Balada triste qui part un peu trop dans tous les sens et qui finit dans une hystérie qui lasse. C’est d’autant plus dommage que le début est excellent et que certaines séquences sont prodigieuses. La note est donc une moyenne qui reflète le meilleur q’apporte le film, mais aussi le pire dans lequel il est capable de se fourvoyer. Foncièrement foutraque et inégal.
Jujulcactus 30 juillet 2011
Balada triste - la critique
Le nouvel opus d’Alex de la Iglesia n’est pas un film comme les autres, on peut aimer ou détester, mais on ne peut rester indifférent c’est certain ! Objet cinématographique difficile à définir ou à inscrire dans un genre, pour faire simple on peut dire que c’est une sorte de romance gothique traitée comme une comédie d’horreur sur fond de film de guerre au faux air de conte (morbide)... Un méli-mélo sombre et bien torturé ! L’histoire de deux clowns amoureux d’une même femme dans un cirque, pendant la guerre civile espagnole. Le réalisateur nous propose un univers de dingue, métaphorique et totalement décomplexé. Au servie de cette ambiance singulière : une mise en scène prodigieuse, une BO parfaite, un casting impliqué... Très souvent à la limite du bon goût, parsemé de scènes grotesques, on peut être décontenancé par cette maîtrise du n’importe quoi, le film semble constamment sur un fil, prodigieux ou ridicule parfois on ne sait plus. Mais le signe de réussite est de voir naître de cet ensemble violent et déjanté une certaine poésie. Les deux acteurs principaux incarnent à la perfection ces deux clowns à la folie terrifiante, on les sent capables de tout. Gore, barré et quand même touchant parfois, le film réserve son lot de passages marquants et ne s’oublie pas de si tôt. Un essai fascinant !