Le 26 septembre 2017
Un inédit de Alex de la Iglesia de 2016, directement sorti en VOD chez nous. Pas de format physique... Et c’est bien dommage. Critique.


- Réalisateur : Álex de la Iglesia
- Acteurs : Santiago Segura, Carlos Areces, Blanca Suárez, Mario Casas, Hugo Silva
- Genre : Comédie
- Nationalité : Espagnol

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Date de sortie 3 octobre 2016 en VOD
Résumé : En plein mois d’août à Madrid, José, sans travail, est envoyé par l’Agence pour l’Emploi comme figurant sur le tournage de l’émission télévisée Spéciale Nouvel An. Des centaines de personnes comme lui vont passer une dizaine de jours enfermés jour et nuit, transpirant abondamment, à faire semblant de rire, à applaudir sans cesse des numéros qu’ils ne voient même pas et célébrer bêtement la fausse arrivée de la nouvelle année. Alphonso, la vedette de la soirée, est capable de tout pour s’assurer la meilleure audience.
Notre avis : Entre plans-séquences hitchcocko-DePalmiens - on sentirait presque dans les mouvements d’appareil l’emphase de Snake Eyes, très inspiré de La Corde - et burlesque, Mi gran noche tisse une critique caustique de la télévision et de sa rhétorique du faux. Mais ce pamphlet doux-amer brassant aussi bien Liberace que Carrie dissimule une nostalgie et un amour latent pour pour le kitsch. Tout en dénonçant les méthodes de production toujours plus inhumaines des chaînes grand public, la lobotomie et la paupérisation qu’elles induisent, Alex de la Iglesia prend aussi un malin plaisir à mettre en scène les rebuts de la musique populaire. Cette déconstruction du point zéro du divertissement se présente comme un huis-clos prenant place le temps du tournage d’un programme destiné aux téléspectateurs le soir du Nouvel an. Outre une atmosphère cathartique propice aux purgations des figurants du plateau - la dévoration de l’autre et de soi-même est suggérée -, le scénario entrelace le destin de protagonistes éparpillés aux abords du studio. De quoi créer une sorte de film choral. Les excès du cinéaste ibérique sont comme toujours de la partie, jusqu’à friser parfois dangereusement le grand-guignol - le sosie espagnol de Liberace est filmé comme Dark Vador, son fils illégitime comme un Luke de pacotille. Cependant, même dans son final calqué notamment sur l’introduction d’Indiana Jones et le temple maudit, Mi gran noche garde le cap. En découle un objet insolite aux frontières du pur divertissement et de la diatribe.