Photo voilée
Le 14 janvier 2004
L’auteure du remarquable Bas les voiles !, s’adonne désormais à la fiction avec le monologue bien décevant d’un reporter de guerre.
- Auteur : Chahdortt Djavann
- Editeur : Sabine Wespieser
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Française
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En théorie, un lecteur ne devrait jamais juger un livre d’après l’identité de son auteur mais se concentrer sur le texte et uniquement le texte. Ce principe exhorté par les papes du structuralisme a l’avantage d’une lecture objective dénuée d’affection ou d’animosité. Mais la nature humaine est faible et la réception d’un ouvrage d’une personnalité comme Chahdortt Djavann prête à tous les espoirs.
L’auteure d’origine iranienne de Bas les voiles !, réquisitoire contre le foulard islamique, a tout pour attirer la sympathie par ses colères et sa force de conviction inébranlable. Le titre alléchant de son dernier ouvrage Autoportrait de l’autre avait également de quoi éveiller la convoitise. Mais un roman n’est pas un pamphlet et la verve tellurique de Chahdortt Djavann est la grande absente de cet ouvrage. Le sujet choisi se prêtait pourtant à ces métaphores et réparties cinglantes auxquelles l’auteure nous avait habitués.
Un homme, la cinquantaine, sur un lit d’hôpital, revoit sa vie. Aussi violentes que poignantes, les images sont nombreuses à jaillir de la mémoire de ce photographe de guerre qui, du Vietnam au Rwanda en passant par la Tchétchénie, a braqué son objectif sur les tueries les plus spectaculaires de ces trente dernières années.
Mais le choix d’un tel métier - et les sentiments ambivalents qu’il suscite - n’est jamais un hasard. Les reporters de guerre en savent quelque chose, partagés entre le courage de dénoncer la cruauté du réel et ce sentiment nauséeux d’être accro à leur dose quotidienne d’adrénaline. Le narrateur analyse ainsi le bilan d’une vie à fuir la normalité et les souvenirs d’une enfance sans affection, en affrontant le risque et la mort au quotidien.
Sujets et verbes hachés sans relâche... Le rythme syncopé de Chahdortt Djavann ne suffit pas pour faire de cette confession ultime une réflexion existentielle. Bien au contraire, ce monologue intérieur loin de nous émouvoir agace par ses images usées comme ces "perles d’écume" projetées par les vagues et sa cohorte de banalités. Une erreur de parcours à oublier bien vite.
Chahdortt Djavann, Autoportrait de l’autre, Ed. Sabine Wespieser, 2004, 203 pages, 16 €
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