Le 25 janvier 2019
L’album "à la vache" n’est pas le plus apprécié des Pink Floyd. Il constitue pourtant une étape décisive dans l’évolution du groupe.
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Sortie : le 2 octobre 1970
Notre avis : Atom Heat Mother installe définitivement Pink Floyd dans un rock progressif qui constituera désormais l’ADN du quartette, même si le virage avait été largement amorcé avec l’arrivée de Gilmour dans le groupe. Ici et là, on peut encore entendre les échos lointains d’un psychédélisme éternellement associé au génie de Syd Barrett. Mais la construction du morceau éponyme, long de vingt-trois minutes, témoigne d’une ambition bien plus grande qui se décline en six mouvements : après une courte exposition où des cuivres plutôt dissonants semblent chercher un accord, le morceau se déploie majestueusement en une sorte de générique façon western, puis s’adoucit par la grâce d’un dialogue entre violon et orgue, avant que la guitare reconnaissable entre toutes de David Gilmour n’assure la transition vers une ambiance qui anticipe Dark Side of The Moon. L’étonnante apparition des choeurs dominés par une voix de soprano, constitue sans doute le sommet lyrique de cette composition, mais on ne mésestimera pas le pont jazzy qui suit, ni la partie intitulée Mind your throats please, beaucoup plus expérimentale, assez proche de ce que le groupe pouvait proposer dans les années 66-68, sous la houlette de son leader éphémère. La reprise du thème initial, potentiellement cinématographique, vient clore ce mille-feuilles d’ambiances, résolument inspiré, définitivement inoubliable.
A l’aune de cette épopée musicale, on redoute que les autres chansons fassent tapisserie. Mais non. Chaque musicien signe, à sa manière, une réussite artistique : Roger Waters susurre une charmante mélodie pop qu’il aurait été malséant de surcharger, le regretté Richard Wright convoque l’été 68 et une rencontre tout aussi sexuelle qu’éphémère ("We say goodbye before we’ve said hello"), où les cuivres de l’Abbey Road Session Pops Orchestra font merveille. La chanson s’étire comme un souvenir, à la fois nostalgique et ensoleillée. Gilmour n’est pas en reste : multri-intrumentiste sur Fat Old Sun, il propose une charmante bluette folk, comme embrumée par la sensation de ce qu’elle décrit, un paysage sur lequel fond progressivement l’obscurité, un syncrétisme d’image et de sons. L’oeuvre se termine par un breakfast psychédélique, où morceaux instrumentaux et bruits de fond se répondent harmonieusement pour composer une sorte de scène cinématographique : à chacun d’imaginer le personnage qui prépare le café, s’extasie sur la marmelade, fait crépiter ses céréales. A ce moment précis, Pink Floyd consent à une musique d’agrément, charmante et légère, diront les uns, lorgnant sur la muzak, diront les autres.
Sous-estimé, Atom Heart Mother est pourtant une étape décisive dans l’évolution du groupe, la première pierre d’un formidable édifice à venir.
Atom Heart Mother, [Pink Floyd] (Harvest, EMI -UK-, Harvest, Capitol -US-), 1970.
1- Atom Heart Mother
I. "Father’s Shout"
II. "Breast Milky"
III. "Mother Fore"
IV. "Funky Dung"
V. "Mind Your Throats Please"
VI. "Remergence
Geesin, Gilmour, Mason, Waters, Wright 23:39
2. If Waters 4:31
3. Summer ’68 Wright 5:29
4. Fat Old Sun Gilmour 5:24
5. Alan’s Psychedelic Breakfast
I. "Rise and Shine"
II. "Sunny Side Up"
III. "Morning Glory 13:00 Gilmour, Mason, Waters, Wright
Storm Thorgers ℗© 1970 Under exclusive license to Harvest, EMI, Capitol
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