Panique à bord
Le 25 juin 2012
Une fascinante superproduction danoise de 1913, à la fois récit feuilletonnesque à rebondissements, drame symboliste et film catastrophe.
- Réalisateur : August Blom
- Acteurs : Olaf Fønss, Ida Orloff, Ebba Thomsen, Carl Lauritzen, Marie Dinesen, Alma Hinding, Mihály Kertész, Frederik Jacobsen, Carl Herman Unthan, Torben Meyer, Lily Frederiksen
- Genre : Drame, Film catastrophe
- Nationalité : Danois
- Durée : 2h01mn (version restaurée) ou 1h56mn (DVD)
- Plus d'informations : http://www.dfi.dk/faktaomfilm/natio...
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– Sortie au Danemark : 26 décembre 1913
– Allemagne : 20 décembre 1913
– Japon : 26 juillet 1916
Une fascinante superproduction danoise de 1913, à la fois récit feuilletonnesque à rebondissements, drame symboliste et film catastrophe.
- Atlantis (August Blom 1913)
L’argument : Friedrich von Kammacher est un médecin de renom mais sa femme, qui souffre de troubles mentaux, doit être internée dans un hôpital psychiatrique et son traité sur la bactériologie est refusé par l’académie.
Lors d’un séjour à Berlin il tombe sous le charme de la jeune danseuse Ingigerd. Apprenant qu’elle va traverser l’Atlantique sur le Roland pour se produire aux Etats Unis, il décide d’embarquer lui aussi sur le transatlantique.
Ingigerd est très courtisée et n’accorde qu’une attention distraite à Kammacher qui, de son côté, a une aventure avec une jeune émigrée russe voyageant en troisième classe.
A la suite d’une collision dans le brouillard le paquebot fait naufrage. Kammacher sauve Ingigerd évanouie dans sa cabine. Il voient le Roland couler depuis le canot sur lequel ils ont pu se réfugier.
Recueillis par un cargo ils arrivent à New York. Ingigerd, encore sous le choc, ne peut reprendre immédiatement sa carrière de danseuse. Kammacher déclare son amour à la jeune femme mais celle-ci ne veut pas l’écouter.
Kammacher se lie d’amitié avec la sculptrice Eva Burns. Il cherche l’apaisement en séjournant dans un refuge de montagne lorsqu’un télégramme lui annonce la mort de sa femme.
Sous l’effet de cette nouvelle il tombe gravement malade. Eva le rejoint pour le soigner. Il guérit et propose à la jeune femme de l’épouser. Elle lui promet d’être une excellente mère pour ses enfants.
Notre avis : En 1913 le cinéma danois connaissait son âge d’or et exportait ses productions dans le monde entier. C’est ainsi que le Danske Filminstitut peut proposer, en guise de complément de programme pour son édition DVD d’Atlantis, une fin alternative, tragique, destinée à la Sibérie, ainsi qu’une version japonaise, tronquée mais qui fut certainement très utile pour la restauration puisqu’elle a conservé les teintes d’origine.
Signé par August Blom, une des valeurs sûres de la Nordisk (Ved Fængslets Port), le film est une véritable superproduction nécessitant la présence de deux assistants-réalisateurs : Robert Dinesen et le hongrois Mihály Kertész (Wege des Schreckens), alias Michael Curtiz, qui apparait également à l’écran dans un rôle secondaire.
Atlantis est adapté d’une oeuvre homonyme de l’écrivain allemand Gerhardt Hauptmann, surtout connu pour ses drames naturalistes (Die Weber) et qui venait d’obtenir le Prix Nobel de littérature.
- Atlantis (August Blom 1913)
Le roman, écrit entre 1909 et 1911 et publié d’abord sous forme de feuilleton, appartient plutôt à la veine symboliste de l’auteur mais dut probablement son succès aux hasards de l’actualité. En effet, la description détaillée du naufrage d’un transatlantique y occupait une place centrale et semblait préfigurer la catastrophe du Titanic survenue peu de temps après.
La séquence du naufrage constitue évidemment le clou attendu du film (qui, lui, a bien été tourné après l’événement). Réalisée avec de gros moyens et une indéniable habileté, elle est souvent impressionnante mais pâtit d’un étirement excessif et de certaines maladresses qui compromettent son efficacité spectaculaire, l’authentique paquebot utilisé le plus souvent étant remplacé, pour les plans montrant le navire à moitié englouti, par une maquette aux dimensions visiblement plus réduites.
- Atlantis (August Blom 1913)
Le film contient d’autres attractions qui le rattachent à l’esprit du cinéma des origines. Si le numéro de la danse de la libellule aux prises avec l’araignée est plus ou moins intégré à l’action (il est à l’origine de la fascination du héros pour la danseuse) celui de l’homme sans bras est une véritable parenthèse privée de nécessité dramatique.
Mais l’étrangeté de ces scènes repose justement sur leur caractère indécidable et un troublant effet de miroir entre fiction et réalité. Célébrités du monde du spectacle, Carl Herman Unthan, né sans membres supérieurs, et la danseuse Ida Orloff, la muse de Hauptmann, avaient en effet servi de modèles aux personnages du roman et jouaient donc pour ainsi dire leur propre rôle.
Il faut rajouter que le jeu d’actrice extraverti d’Orloff détone fortement avec celui, très tenu, de ses partenaires et qu’elle n’a plus l’âge ni la silhouette requise. Mais elle impose à l’écran une figure féminine tout à fait originale et singulière : éternelle femme-enfant totalement irresponsable, vivant pour le plaisir de l’instant entourée de ses nombreux animaux de compagnie (perruches, singes, hommes, tous sur le même plan).
- Olaf Fønss dans Atlantis (August Blom 1913)
On aura compris qu’Atlantis est un produit foncièrement hybride et légèrement inconséquent. Mais la mise en scène ample et élégante de Blom sait admirablement faire respirer les plans et confère à l’ensemble une véritable unité stylistique.
Le film ne cesse de surprendre et réserve bien des moments d’émerveillement. Ce sont souvent des plans vides (le paysage enneigé défilant le long du train en marche) ou confrontant des personnages à un espace un peu trop grand pour eux : les séquences en extérieurs dans l’épisode berlinois, l’immense atelier de sculpture, le cheminement du héros avançant en rêve dans une rue sans fin bordée de maisons blanches (dans la ville engloutie qui donne son titre au film).
Le moment le plus inoubliable reste cependant l’échange de regard entre le héros et la jeune émigrée juive voyageant en troisième classe qui lui demande du feu et viendra un peu plus tard dans sa cabine pour une consultation avant de disparaître complètement et définitivement.
- Alma Hinding et Olaf Fønss dans Atlantis (August Blom 1913)
Plus que le plaisant aspect feuilletonnesque ce sont ces plans énigmatiques qui confèrent à Atlantis un charme mystérieux auquel on se laisse prendre volontiers.
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