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Depuis maintenant presque six ans, Arve Henriksen (trompette, sampler, voix), Stale Storlokken (claviers), Jarle Vespestad (percussions) et Deathprod (machines, production) existent en tant que Supersilent. Parallèlement engagés dans des projets solo, les quatre Norvégiens ressentent le besoin de se recréer un nouvel espace de liberté, et c’est ainsi que naît Supersilent et son mode de fonctionnement pour le moins original : les musiciens, qui résident aux quatre coins de la Norvège, se retrouvent uniquement pour jouer live ou pour enregistrer. Ils ne répètent pas, ne se concertent même pas avant de se lancer dans des séances d’improvisation qui peuvent parfois durer jusqu’à quatorze heures. Après ces sessions, Deathprod n’effectue aucun travail de post-production, choisissant simplement des passages entiers de l’enregistrement effectué.

En découvrant leur nouvel album, 6 (qui fait suite à 1-3, à 4 et, vous l’aurez deviné, à 5), on reste stupéfait devant la richesse et la maîtrise sonore qu’affiche aujourd’hui leur musique : repoussant allègrement les limites du jazz et de l’improvisation, Supersilent lorgne aujourd’hui de plus en plus du côté des territoires marécageux de Can, voire des champs magnétiques minés du label autrichien Mego. Le quatuor s’amuse ainsi à perdre l’auditeur au beau milieu d’un no man’s land musical, aux confins du jazz, de l’électro et d’un post-rock torturé, à mille lieues de la première phrase mélodique rassurante.

Supersilent continue ainsi sa belle aventure, parallèle à celle du label norvégien Rune Grammofon qui fit des enregistrements Supersilent 1-3 sa première référence. Ce label, principal responsable (avec Smalltown Supersound) du foisonnement actuel d’improvisateurs jazz/électro scandinaves, évolue aujourd’hui sous l’aile bienfaitrice du géant du jazz ECM et compte bien profiter de cette vitrine pour faire découvrir au public un catalogue toujours plus riche et plus varié.