Notre avis : Archisable est un livre qui cumule les inspirations. En premier lieu, celle de la curatrice, Tina Dassault, qui est l’initiatrice de cette classe verte poétique pour architectes de renom. Convaincre ces maîtres d’oeuvre dont l’ambition quotidienne est de construire la ville de la manière la plus pérenne possible, de venir faire de leurs mains, un château de sable, est une initiative rafraîchissante.
En second, l’inspiration de ces architectes, hommes et femmes, qui ont humblement accepté le pari de faire avec la plage, le vent, l’eau... les éléments. Chacun d’eux a sa signature et propose un travail personnel qui se distingue des autres. On découvre des formes pures s’élevant vers le ciel, des trous d’eau, des agglomérats, des mastabas, des arcs, des trames en traces. L’une d’entre eux se distingue en se servant aussi des algues en plus du sable. Cette proposition plus végétale, diffère et porte dans son principe, un signe encourageant pour l’avenir de ce métier. Ces formes font rêver, loin de nos villes qui sont désormais des termitières asphyxiantes faites de gratte-ciels vaniteux. La disparition de l’oeuvre fait aussi partie du jeu, et Michel Tréhet qui capte ces moments, raconte aussi en quelques clichés de plus, comment une vague un peu plus longue sape avec souplesse leurs prouesses.
Les photos sont belles, portées par la solennité intemporelle du monochrome, densifiées dans les noirs pour évacuer l’esthétique légère et solarisée du bord de plage méditerranéen. Il n’y pas d’humain dans ces photos, la civilisation semble avoir heureusement disparue du paysage pour nous laisser rêver.
Au fil des pages, on rêve que nos villes d’aujourd’hui, qui datent de l’age de pierre, accueillent autrement la nature. De ce voyage normand, on espère que ces architectes, bouleversés par l’expérience, penseront la cité de demain, comme des archiland-artistes, des paysagistes. On idéalise, porter par la beauté des photos, que l’humain, l’animal, le végétal et le minéral puissent enfin trouver leur juste place dans le village global.