Notre avis : S’ils s’aiment, leur amour n’était pourtant pas évident à première vue. En effet, alors que Raphaëlle vient d’un milieu plutôt bourgeois, Antoine est un enfant de la cité. Alors qu’elle habite un appartement à Château-Rouge, lui vit dans un 9m2 en banlieue. Pourtant, s’ils sont géographiquement et socialement opposés, c’est la culture et plus particulièrement le rap qui vont les rapprocher, provoquer une véritable rencontre à l’Université. Rapidement, ils vont tomber amoureux l’un de l’autre et s’installer ensemble dans ce quartier du 18ème, qui deviendra leur quartier. Malheureusement, l’apparente insouciance des études va très vite laisser place à l’angoisse de l’après. La recherche du premier emploi, les factures à payer, le chômage, toutes ces vicissitudes du quotidien vont gangrener leur vie. Tandis que Raphaëlle trouve rapidement un emploi, Antoine enchaîne les entretiens sans succès.
Avec ce premier roman, Lola Nicolle se fait la porte-voix d’une génération en proie aux doutes, qui peine à trouver sa place sur le marché du travail et voit ses illusions souvent déçues. Plus qu’un roman, on pourrait presque lire Après la fête comme la chronique de la jeunesse et de son passage à l’âge adulte. En outre, cette chronique est aussi celle d’une ville. En effet, le roman s’ouvre sur les attentats qui ont touché la capitale, il y a quelques années, et traumatisé les Parisiens, tout comme l’ensemble des Français. Dans ce roman, la Ville Lumière devient rapidement le troisième personnage, tant Lola Nicolle aime décrire le quartier où vivent Antoine et Raphaëlle, ainsi que le lieu où ils étudient. La commune n’est plus ici la ville de l’amour, ni du romantisme, elle devient au contraire le lieu des ruptures et de l’angoisse, se rapprochant ainsi davantage du véritable Paris, loin des clichés.
Pour conclure, Après la fête est un roman de la rupture, celle avec son milieu, celle avec ses études, mais aussi avec ses amis et l’être aimé. Pourtant, comme le prouve Lola Nicolle, ce sont ces ruptures qui nous font grandir et devenir adultes. Même si les thèmes abordés ont une dimension assez tragique, l’écriture poétique de Lola Nicolle et les notes d’espoirs qu’elle distille tout au long du roman, malgré la tristesse induite par les événements, rendent la séparation avec les personnages moins difficile, puisqu’elle est nantie d’une certitude : Antoine et Raphaëlle vont s’en sortir et pour eux, la vie ne fait que commencer.