Extremity - La chronique BD

Une claque magistrale, voilà ce que procure Extremity, récit complet et condensé de violence, de sang et d’espérance tout le long, dans une ambiance définitivement remise au goût du jour par Fury Road. Le goût du sang et de la vengeance dans une narration à la Kill Bill s’échappe également, mais heureusement, la dimension artistique empêche de sombrer complètement dans une histoire de guerre et de gangs. Sans pause ni long flashback, Extremity va jusqu’au bout, totalement et férocement, n’attendant pas de suite ni de prélude, formant un tout qui n’a pas besoin d’explications, reposant pourtant sur un monde de machines volantes usées, d’îles flottantes désertiques et de monstres géants fantastiques. Bref, un monde intrigant mais qui n’a pas besoin de bestiaire, une liste de personnages rencontrés les uns à la suite des autres qui n’avait pas besoin d’inventaire, qui se tient seul, jusqu’au bout.

Daniel Warren Johnson, Mike Spicer / Delcourt

La violence du trait est également contagieuse, avec évidemment du sang, de la rouille et des larmes tout au long de l’album. Depuis les héros jusqu’aux troufions de base, chaque élément est peint avec attention, et l’intérieur d’une barge d’assaut ou les crevasses d’une falaise sont autant décrits qu’un tatouage de visage de l’héroïne. Les pages s’enchaînent à un rythme effréné, et l’on a peur d’arriver au bout des trois cents pages de ce comic tant ces planches prennent aux tripes, amenant évidemment un sentiment de tristesse infinie et de révolte, autant que l’excitation épique composée par des batailles denses et incertaines.

Daniel Warren Johnson, Mike Spicer / Delcourt

Réussite exemplaire d’un comic où tout se tient du début à la fin malgré un environnement complètement nouveau et inédit, sorte d’Apocalypse qui serait passée plusieurs fois sur un monde sans finalement rien changer, Extremity est exceptionnel par sa violence ciselée.