Le 4 juillet 2019

- Scénariste : Emmanuel Moynot >
- Dessinateur : Emmanuel Moynot
- Collection : Carrément BD
- Editeur : Glénat
- Date de sortie : 22 avril 2003
Emmanuel Moynot retrouve l’effervescence du Paris des années 1900, où la modernité de l’art est source d’inventions comme d’angoisses.
1904. Eugène Pigot est un peintre de Belleville, sans le sou. Il vit beaucoup aux crochets de Maurice Kopf, peintre comme lui, rentier surtout. Son talent, s’il n’est encore à maturité, grandit de jour en jour. C’est ce qu’affirme Lechat, grand critique d’art de la capitale, jusqu’à ce qu’il découvre chez Pigot un portrait de Zita Maron, modèle très en vogue. Troublé par la modernité de l’oeuvre, Lechat organise une exposition à la célèbre galerie Stern. Il lui passe commande de plusieurs toiles, dans la lignée de ce portrait. Le seul problème, c’est qu’Eugène ne se rappelle pas avoir peint ce tableau. C’est pour lui le début d’une forte remise en question, d’une violente introspection qu’il va noyer dans l’alcool, avec ses amis Pablo Picasso ou Guillaume Apollinaire. Ses doutes artistiques, en cette période de bouleversements picturaux, contamineront sa vie, ses amours, sa raison.
Depuis toujours, les artistes ou auteurs cherchent à dresser des ponts entre leurs modes d’expression, pour raviver leurs inspirations, explorer des voies nouvelles ou se rendre mutuellement hommage. Anatomie du désordre, en évoquant la peinture et les peintres du début du XXe siècle, fait partie de ceux-là. Le ton est donné avec cette couverture intelligente, qui se présente comme une chronologie picturale unissant pointillisme, art abstrait et déconstructions spatiales "à la Cézanne", préfigurant le cubisme.
Emmanuel Moynot / Glénat
Après Le temps des bombes, Emmanuel Moynot retrouve là un décor qu’il affectionne. Celui d’une capitale d’entre deux ères, tant au plan politique qu’artistique. Pigot incarne bien la frénésie qui animait le Paris des idées de cette époque, mais aussi ses doutes, ses recherches esthétiques ou son agitation. Le récit, lui, part en quête de la peinture au même rythme que son héros. Les planches expriment ses craintes, traduisent parfois joliment sa perdition en convoquant des chimères, en perturbant l’environnement, en troublant la perception. Le trait de Moynot, tout en angles dans les premiers dessins, perd doucement de sa clarté pour gagner en impressions, s’éloigner du figuratif. Alors, dans ces moments rares, la bande dessinée rejoint la peinture. En même temps que Pigot devient fou.
120 pages - 15€