Le 21 décembre 2020
- Scénariste : Keum Suk Gendry-Kim>
- Dessinateur : Keum Suk Gendry-Kim
- Genre : Historique
- Editeur : Cambourakis
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 4 novembre 2020
Le portrait très bien renseigné d’une révolutionnaire bolchévique d’origine coréenne dans l’extrême-orient russe à la veille de la chute de l’empire tsariste.
Résumé : Alexandra Kim (1885 - 1918) est une militante communiste qui a dédié sa vie aux droits des travailleurs dans l’Extrême-Orient russe, une région où vit une communauté coréenne qui fuit la misère de leur pays natal soumis à la brutale occupation japonaise. Alexandra Kim est sensibilisée au sort des travailleurs par son père, interprète qui a œuvré en Chine pour le compte de la Russie afin de construire le chemin de fer de l’Est chinois. De retour en Russie après la mort de son père, la jeune Alexandra Kim a soif de liberté, en témoigne sa vie amoureuse tumultueuse. Elle travaille surtout à l’émancipation des travailleurs alors que le régime du Tsar durcit la répression à la veille de la Grande Guerre. La guerre constitue un tournant pour l’héroïne, qui décide de partager comme interprète le sort des travailleurs mobilisés dans les usines de l’Oural. Son destin bascule lorsque son combat syndical la conduit à être remarquée par les membres du Parti communiste de Lénine…
S’il se présente de façon assez classique, le récit biographique séduit par son sujet. La dessinatrice coréenne installée en France Keum Suk Gendry-Kim – déjà connue pour plusieurs récits dont l’excellent Les mauvaises herbes (Delcourt, 2018), consacré au parcours d’une « femme de réconfort » sous l’occupation japonaise de la Corée – tire son inspiration d’un roman. Le récit nous entraîne en Extrême-Orient où les frontières comme les idées politiques sont poreuses entre Russie, Corée et Chine. Au-delà des barrières linguistiques, c’est le sort des travailleurs – et leurs souffrances – qui motive l’engagement d’Alexandra Kim alors que le droit du travail est quasiment inexistant dans la despotique Russie tsariste.
Keum Suk Gendry-Kim entremêle habilement engagement politique et vie privée de l’héroïne, dont la vie agitée tâche d’être conforme à sa recherche d’émancipation. Le lecteur voyage avec plaisir dans un espace qu’il méconnaît en même temps qu’il découvre cette figure militante attachante.
- Keum Suk Gendry-Kim / Cambourakis
Le noir et blanc charbonneux de l’autrice offre quelques belles planches, en particulier lorsque les scènes qui se déroulent sous la neige. Le découpage et le trait privilégient le mouvement, ce qui confère une impulsion bienvenue à un récit parfois bavard. On peut regretter l’absence d’une préface d’un tiers qui contextualise le récit ou explique le choix de cette figure – charismatique mais inconnue du lecteur – par l’autrice. Est-elle célèbre en Corée ? Son combat a-t-il été reconnu par l’URSS victorieuse de la guerre civile ? Malgré cette absence, Alexandra Kim la Sibérienne transporte efficacement le lecteur dans un Extrême-Orient très éloigné des représentations fantasmées que peuvent en avoir les Occidentaux. Il confirme le talent de Keum Suk Gendry-Kim, qui traite avec pertinence des sujets difficiles et s’affirme comme une passeuse de culture entre la Corée et la France pour son rôle de traductrice et de dessinatrice.
- Keum Suk Gendry-Kim / Cambourakis
244 pages – 22 €
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Galerie photos
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