La mort lui va si bien
Le 2 septembre 2020
Entre cynisme et mélancolie, le nouveau film de Bruno Podalydès a des allures de comédie sur fond de conte philosophique. Etre ou ne plus être, telle semble en être la question.
- Réalisateur : Bruno Podalydès
- Acteurs : Pierre Arditi, Denis Podalydès, Judith Magre, Jean-Noël Brouté, Noémie Lvovsky, Valérie Lemercier, Michel Vuillermoz, Samir Guesmi, Isabelle Candelier, Michel Robin, Bruno Podalydès, Catherine Hiegel
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : UGC Distribution
- Durée : 1h40mn
- Date télé : 2 septembre 2020 20:55
- Chaîne : ARTE
- Date de sortie : 20 juin 2012
- Festival : Festival de Cannes 2012
Résumé : Mémé is dead. Berthe n’est plus. Armand avait "un peu" oublié sa grand-mère… Pharmacien, il travaille avec sa femme Hélène à Chatou. Dans un tiroir de médicaments, Armand cache ses accessoires de magie car il prépare en secret un tour pour l’anniversaire de la fille… de son amante Alix. Et mémé dans tout ça ? On l’enterre ou on l’incinère ? Qui était Berthe ?
Critique : ’’Qu’est-ce que vouloir ?’’. Quand Armand se penche sur le devoir de philosophie de son fils, dans un vain espoir de sortir l’adolescent de sa léthargie, il est bien loin de se douter qu’il sera pour lui si difficile de répondre à cette simple interrogation. Pharmacien de banlieue tiraillé entre une femme conciliante (Isabelle Candelier) et une maîtresse intransigeante (Valérie Lemercier), Armand est le roi de l’indécision. Retranché derrière ses tours de magie, il préfère disparaître. Un matin pourtant, la mort le rappelle à l’ordre. Berthe n’est plus. Mémé est décédée. Une si gentille femme, discrète, très discrète, si discrète qu’Armand avait oublié jusqu’à son existence. Seulement voilà, l’administration n’attend pas et il faut l’enterrer. Commence alors pour notre éternel indécis une longue série de choix. Tout s’accélère et se mélange : la vie, l’amour, la mort. Divorcer ou rester ? Inhumer ou incinérer ? Présider l’enterrement ou animer un goûter d’anniversaire ? Le tourbillon l’entraîne sur les chemins de campagne en compagnie de sa maîtresse à la recherche de la maison de retraite de mémé. Dans cette virée vaudevillesque, l’absurde s’installe au volant. Des corps disparaissent, des objets lévitent, des poignards transpercent des têtes, et des vieilles dames meurent sans bruit dans leur sommeil. Pif, pouf, crac. Armand s’emballe. On ne casse pas sa pipe sans raison quand même ! Et comme si ça ne suffisait pas, les pompes funèbres s’y mettent. Entre l’entreprise design de Rouvier-Boubet (magnifiquement incarné par Michel Vuillermoz ), subtilement prénommée ’’D comme définitif’’ qui propose cercueils furturistes et obsèques thématiques, et celle plus rieuse d’Haroun fils, qui privilégie fonctionnalité et originalité (les urnes ressemblant plus à des thermos qu’à autre chose), le marché de la mort a le vent en poupe.
Farcie de comique de situations (Armand et Alix incinérant un mulot et tentant, malgré l’odeur pestilentielle de sa décomposition, de réciter une oraison funèbre digne de ce nom) et minée de dialogues décapants (’’c’est cheap on dirait une bassine, tu vas pas la mettre là-dedans !’’), l’histoire de Berthe se joue sur le mode de l’illusion. Décors trompe-l’œil, tiroirs cachés, portes dérobées, l’univers de Podalydès recèle bien des surprises. Et dans la chambre des derniers jours de Berthe, Armand et Alix défont le nœud du mystère. Camouflées dans les trappes secrètes d’un coffre des indes, des lettres d’amour datées du début du siècle. Mémé a, elle aussi, aimé passionnément. Il s’appelait Max Kiff. Un magicien qui s’est fait la malle sans laisser d’adresse. Berthe a le cœur brisé. Berthe rencontre pépé. Berthe se marie. Sur le mur de la chambre, dans les boîtes à bijoux, les vestiges d’un amour perdu. Et au creux d’une enveloppe, un coquelicot séché vieux de quatre vingt ans, a survécu à toute cette histoire. Dans le regard de Denis Podalydès (alias Armand), un éclat indéfinissable, une sorte de tristesse joyeuse et d’espoir raisonné. Une révélation peut-être ? La vie ne tient finalement qu’à un fil.
Un matin, c’est l’enterrement. Dans un dernier hommage à Max Kiff, Berthe est incinérée. Ses cendres, répandues sur les berges d’un lac, survolent le tour de magie d’Armand donné pour l’anniversaire d’une fillette, avant de disparaître complètement. ’’Adieu Berthe , bonne éternité’’. Atmosphère poétique, humour tranché et intrigue jeu de pistes, Podalydès démontre avec Adieu Berthe, l’enterrement de mémé que sous le voile de la désinvolture peuvent se cacher bien des gravités. Une malice d’écriture et une finesse de mise en scène, qui donne lieu à d’inoubliables séquences, tel ce coup de fil d’Armand tombant sur le répondeur d’une entreprise de pompes funèbres : ’’Si vous appelez pour une personne décédée, dites décédée’’. Une comédie profonde, fait de promenades et de rêveurs solitaires bien décidés à tordre le cou de la grande faucheuse. Un méli-mélo drôle, décalé et émouvant. A mourir de rire.
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nani 2 septembre 2020
Adieu Berthe, l’enterrement de mémé - la critique
j’attends toujours les films de B.Podalydès avec plaisir , surtout pour son équipe d’acteurs sympathiques.
cela démarre lentement , assez platement comme dans " comme un avion " et puis on s’envole dans la poésie , la fantaisie avec toujours la mélancolie sous -jacente .
certains dialogues sont drôles , d’autres tombent à plat , certaines scènes sont très réussies comme la découverte et la lecture des lettres d’amour de Berthe ou la scène finale en plein air du goûter d’anniversaire .
Malgré la mort de Mémé, il y a beaucoup de gaité et de tendresse dans ce film.