A fleur de peau
Le 28 février 2005
Quand l’auteur de Prime time lève le voile sur sa douloureuse intimité. Un court récit, vif et poignant.
- Auteur : Géraldine Maillet
- Editeur : Flammarion
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Française
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Ses parents l’ont eue trop jeunes. Enfant, Géraldine est bercée par le tendre amour de papi et mamie mais, déjà, sa mère l’impressionne.
Brillante étudiante en médecine, c’est une femme belle, forte, courageuse et dure. Si dure, d’une personnalité si écrasante, qu’elle balaye tout son entourage. Le père ne le supporte pas. Il s’en va. Quitte sa famille, et disparaît de la vie de sa petite fille, sans remord apparent.
Un jour, la mère de Géraldine est hospitalisée. Alitée, elle n’entend plus rien. Ostospongiose, dit le médecin. Une maladie génétique qui atteint l’oreille moyenne. Sourde, coupée du monde, avec juste ces sifflements insupportables lui vrillant le cerveau, l’environnant constamment, transformant son univers en une douloureuse cacophonie ouatée qui la coupe de la réalité.
Acouphènes.
Opération. Echec. Un seul traitement : la cortisone. La mère de Géraldine devient obèse. Elle ne peut plus exercer son métier, mais reprend ses études. Courageuse, elle se bat contre la fatalité. Lâche, elle laisse sa maladie la défigurer. Aimante, elle est fière de sa fille. Profondément égoïste, elle ignore tout de sa souffrance silencieuse.
Acouphènes, c’est un récit court et intense, des petites tranches d’une vie à fleur de peau, livrées en pâture au lecteur comme autant de clichés instantanés d’une intimité douloureuse. Une écriture intérieure, vivante, crue, incisive, sans figure de style. Un bout de biographie au présent, simplement vrai, authentique et poignant.
Délaissant pour un temps la vie parisienne et le cynisme urbain au centre de ses précédents ouvrages, mais conservant cette sécheresse efficace qui la caractérise, l’auteur des remarqués Trois jours pour rien, Une rose pour Manhattan, Un amoureux silence et Prime time lève le voile sur sa propre réalité, et ses blessures intérieures. Parfois violent, souvent touchant, jamais indécent, ce livre se dévore d’une traite.
Entre admiration et honte, amour et haine, les relations complexes de la jeune fille et de cette mère si forte et imposante qu’elle en étouffe son entourage sans même le soupçonner façonnent un récit poignant qu’on refermera touché et essoufflé.
L’on y cherchera en vain un message. Il n’y a pas de conclusion. Il ne s’agit que de réalité.
Géraldine Maillet, Acouphènes, Flammarion, 2005, 165 pages, 15 €
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