Le 2 septembre 2021
- Scénariste : Jim>
- Dessinateur : Laurent Bonneau
- Genre : Drame
- Editeur : Grand Angle
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 30 juin 2021
Jim et Laurent Bonneau travaillent pour la première fois ensemble. Jim écrit et Laurent dessine. Mais cette collaboration va plus loin que cela, ils explorent des idées, graphiques, narratives, se donnent un espace de liberté pour construire et dessiner ce récit, une méthode expérimentale qui a abouti à cette magnifique BD.
Résumé : L’étreinte raconte l’histoire de Benjamin et Romy. Il est sculpteur, et elle est son modèle, ils sont ensemble. Sur la route, en revenant de vacances à Cadaquès, Benjamin fouille son portable est reste soudain fasciné par une photo prise à la volée sur une plage. Au milieu, une femme en maillot une pièce noir, allongée, les cheveux devant le visage, lisant un livre. Il ne parvient pas à décoller les yeux de cette photo. Pourquoi ?
Un récit intense, poignant, qui nous entraîne au plus profond de nos vies. Avec l’histoire de Benjamin et Romy, traversée par un drame, et la quête menée pour retrouver un sens à sa vie, ou peut-être même pour retrouver sa vie, Jim et Laurent Bonneau nous parlent de nous.
Le hasard des rencontres, les échanges, les incursions dans la tête de Benjamin, les souvenirs, les scènes qu’il s’invente, la recherche insensée que fait naître cette photo, comme une solution pour échapper au réel bien trop présent, tout est terriblement humain, et donc nous renvoie à nous-même. Les deux auteurs, à travers cette histoire particulière, construite d’une manière singulière, touche à l’universel. Benjamin est sculpteur et on pourrait se sentir loin de lui, pourtant, en le voyant travailler, on a l’impression de comprendre son rapport à la matière, de saisir ses pensées.
Cette photo retrouvée par hasard aboutit à des rencontres, des moments de vie, de fuite en avant, d’inattendu, insuffisant pour que Benjamin prenne de la distance avec la peine qui le hante, mais nécessaire pour qu’il avance.
Cette peine, il parvient à en parler de manière touchante. Les lieux ont leur importance, ceux que l’on ne voit plus car on y a trop longtemps vécu, et que le drame nous fait redécouvrir sous un regard nouveau, ou ceux que l’on voit pour la première fois, restent comme des portes fermées par la douleur et que l’on n’arrive plus à ouvrir. Retrouver la serrure, la clé, revenir à la vie, c’est le chemin que nous faisons avec les personnages de ce livre. Une histoire qui touche juste, en plein cœur, qui fait réfléchir à que ce que l’on ressent, pour les autres, pour soi.
Jim, Laurent Bonneau / Grand Angle
Cette BD est aussi bouleversante par son histoire que par son dessin. On ne s’attendait pas forcément à découvrir ce trait charbonneux, si particulier de Laurent Bonneau sur un récit de Jim, et pourtant, l’alchimie fonctionne à merveille et surgit le meilleur des deux auteurs. Non, pas le meilleur, il ne s’agit pas de compétition avec leurs BD passées, mais plutôt surgit toute l’humanité de ces deux hommes. Le graphisme de Laurent Bonneau qui semble mélanger crayon, feutre, fusain, numérique crée des silhouettes bancales, des décors où ce qui devrait être droit ne l’est pas. Car Benjamin n’est plus droit, il penche, il est instable, et le monde autour de lui le devient également. S’adjoint au dessin vivant la mise en scène très réfléchie. Cette caméra qui tourne autour des personnages, qui recule, s’avance, s’arrête sur un objet, un élément du décor, sur un regard perdu. On pourrait regretter ces mouvements suivant l’adage « la plus belle mise en scène est celle qui ne se voit pas » mais on comprend immédiatement l’importance de ces mouvements, pour ressentir les émotions de Benjamin. Pris dans une spirale infernale, il s’enfonce et tente de remonter, ses émotions contradictoires et tellement humaines ressortent également par ces mouvements de caméra. Si on peut parler de caméra pour une BD.
On pourrait évoquer longtemps cette histoire pour sa narration, ses dessins, son mode de création, les émotions qu’elle génère chez le lecteur, ces personnages qu’on comprend, qu’on ne comprend plus, et puis qu’on finit par comprendre à nouveau, mais il reste juste une chose importante à dire, en trois mots : lisez L’étreinte !
L’étreinte est une histoire humaine, touchante, qui sait prendre son temps pour nous parler de la vie, de nous, et nous laisse discrètement nous retrouver dans la part de lumière et d’ombre de ses personnages.
312 pages – 29,90 €
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Galerie photos
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