C.R.A.Z.Y.
Le 26 mai 2006
Linklater s’inspire d’un roman dit inadaptable. pari gonflé, résultat décevant.
- Réalisateur : Richard Linklater
- Acteurs : Keanu Reeves, Winona Ryder, Robert Downey Jr.
- Genre : Science-fiction
- Nationalité : Américain
- Festival : Festival de Cannes 2006
– Durée : 1h40mn
– Le site du film
Richard Linklater s’inspire d’un roman de Philip K. Dick considéré comme inadaptable en raison de sa complexité et de sa densité exceptionnelles. Pari gonflé, résultat décevant.
L’argument : Une banlieue californiene en 2013. Le policier Bob Arctor, spécialiste réticent des missions d’infiltration, est contraint de jouer les taupes auprès de ses amis mais, lorsqu’il reçoit l’ordre de s’espionner lui-même, il entame une inexorable descente dans l’absurde et la paranoïa, où loyauté et identité deviennent indéchiffrables.
Notre avis : En adaptant le roman éponyme de Philip K. Dick (traduit en français sous le titre Substance mort [1] Richard Linklater livre une version fidèle qui bénéficie d’une touche personnelle. Dès le départ, le mélange est intéressant à défaut d’être convaincant. La structure narrative autopsie la paranoïa qui travaille au mental et au corps d’un individu multiple en collant à sa subjectivité. Tout ce qu’il voit nous le voyons mais il est impossible de démêler ce qui relève du vrai ou du faux. Le manque d’alternative cloisonne un récit éminemment hybride et donc par essence imparfait. On comprend bien ce qui a plu à Linklater dans ce roman noir très barré. Philip K. Dick ressasse quelques obsessions comme le chaos existentiel, la déliquescence intérieure, l’ironie des malentendus, en même temps qu’il décrit en filigrane une vraie histoire d’amitié (drôle puis douloureuse) et d’amour (triste parce que manquée). C’est ce qui l’intéresse le plus et c’est dans ce domaine qu’il s’exprime de la façon la plus simple.
En brouillant les visages, en superposant les prises réelles et l’animation, en conviant des acteurs (Keanu Reeves, le trop rare Robert Downey Jr.) qui prennent un plaisir certain à se perdre, Linklater adopte des parti-pris radicaux qui irritent au bout de quinze minutes. On peut prendre quelque amusement au pari technique qui consiste à essayer de reconnaître les acteurs malgré les brouillages. Mais l’intérêt devient limité lorsque Linklater cède à son péché mignon (des dialogues logorrhéiques comme à la bonne époque de Slacker ou même du récent Before sunset). Le vertige façon K. Dick n’est qu’intermittent. La perte de soi dans un film réclame plus de cohérence entre le fond et la forme pour que les fameuses suspensions d’incrédulité chères aux aficionados opèrent. La souffrance et la douleur, éléments inhérents au monde de Philip K. Dick, sont singulièrement désamorcées. Là où le romancier ausculte la vraie souffrance (de ne pas pouvoir clamer son amour, de la maladie qui empêche de vivre), Linklater signe un film-placebo qui donne l’illusion qu’il s’est passé quelque chose d’intense à l’écran.
[1] Éd. Denoël, 1997, disponible en Folio
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Norman06 22 avril 2009
A scanner darkly
Bon film d’animation, un brin obscur dans sa narration mais au graphisme envoûtant. Les silhouettes d’acteurs connus (Reeves, Downey) sont bien croquées grâce à la technologie numérique. L’un des moments forts de "Un certain regard" en 2006.