9 jours à Raqqa - la critique du film et le test DVD

Critique : Le portrait de Leila est celui d’une maire, belle trentenaire kurde, qui entend recomposer la mosaïque harmonieuse des diverses religions d’avant Daech. Raqqa, ville de 300 000 habitants, aura tout connu : ne pas rester sous le joug d’un régime syrien autocratique s’entêtant à refuser le printemps des peuples en 2011, subir la charia après la mainmise de l’État islamique qui en fera sa capitale de 2014 jusqu’à sa libération grâce à la coalition en 2017. C’est, en effet, depuis Raqqa que les attentats de novembre 2015 en France avaient été planifiés. La réaction belliqueuse occidentale avait été immédiate contre la terreur. Des images d’archives, que certains trouveront sans doute trop pléthoriques, sont là pour nous rappeler tous ces évènements indélébiles qui ont marqué l’Histoire mondiale et frappé notre mémoire collective.

Copyright Jean-Matthieu Gautier

Raqqa est une ville à 80 % détruite que nous découvrons en compagnie de Leila qui en est la guide de concert avec un conseil où chaque communauté est représentée. Leila nous conduit, au son de la trompette envoûtante d’Ibrahim Maalouf, à travers un dédale de bons comme de douloureux souvenirs (notamment un rond-point où les exécutions sommaires et les châtiments humiliants ont été légion sous Daech). Leila est une maire exemplaire, à la fois ferme et empathique, au visage respirant la douceur de vivre. Elle a cependant conscience, qu’avec le retrait des Américains acté par Trump, des réseaux dormants aux mauvaises intentions se réveillent. Elle se sait assurément en danger mais se veut résolument optimiste. Son combat est celui d’une ville pour se relever et, espérons-le, ne plus choir de nouveau.

Le test du DVD/Blu-ray

Image :
Un documentaire pourrait laisser la place au hasard, non ? La photographie de Xavier de Lauzanne l’atteste d’une main de maître.

Son :
9 jours à Raqqa n’est pas à 100 % en langue française pour un portrait des plus fidèles de Leila. La traductrice fait un travail fantastique. Marine de Tilly est la narratrice agréable de ce film qui doit servir à la rédaction de son livre. Et que dire de la trompette de Monsieur Ibrahim Maalouf !

Suppléments :
Les suppléments sont au nombre de quatre et méritent vraiment que nous nous y attardions :
– Entretien avec Xavier de Lauzanne et Marine de Tilly ;
– Des Ruines à l’espoir : entretien avec le compositeur Ibrahim Maalouf ;
– Intervention de Leila Mustapha à l’Assemblée nationale ;
– Bande-annonce.