Les pépites - la critique + le test DVD

Critique : À l’école "Pour un sourire d’enfant", Christian et Marie-France des Pallières ont œuvré pendant des années en faveur des enfants pauvres de Phnom Penh. Rien ne les destinait pourtant à tenter l’aventure loin de leur pays, si ce n’est un certain goût du nomadisme renforcé par des spectacles musicaux. C’est sur les planches que parents et enfants ont aiguisé un certain désir de l’itinérance, avant de le matérialiser dans un camping-car. En juillet 1977, la vaste famille part pour la so seventies Katmandou.

De sympathiques archives qui fleurent bon le super 8 nous montrent la joyeuse tribu à la recherche d’un rêve de bonheur partagé, où le désir de ne pas connaître le lendemain est un moteur à combustion spontané. À cinquante-sept ans, sollicité par une association cambodgienne spécialisée dans l’éducation, Christian des Pallières mesure l’étendue du retard pris par le pays. Rejoint par son épouse un an plus tard, il est effaré par les conditions dans lesquelles vivent des milliers d’enfants de la capitale, livrés à eux-mêmes à travers les rues ou les décharges. Les images soulèvent le cœur. La caméra saisit des centaines d’enfants travaillant pieds et mains nus, traquant leur nourriture dans les immondices sur lesquelles bourdonnent les mouches, survivent dans un enfer de détritus où l’on trouve aussi des bébés morts, jetés comme n’importe quel objet périssable. D’abord témoin puis acteur, le couple vient en aide, en demandant à ces jeunes damnés de la terre ce dont ils ont d’abord besoin, puis leur apportent à manger, construisent des paillotes, avant d’imaginer une structure scolaire qui sauverait ces milliers d’existences vouées à l’esclavage.

Grâce à leur abnégation et leur extraordinaire humanisme, Christian et Marie-France parviennent à offrir un avenir à tous ces enfants. La roue tourne, la structure connaît un extraordinaire succès. Elle est administrée par des enseignants cambodgiens, car le couple a toujours refusé la posture condescendante de l’Occidental colonialiste. Le documentaire déroule le parcours de certains enfants, qui ont subi les pires affres de la maltraitance, s’en sont sortis, ont construit leur bonheur en fondant une famille, en embrassant le rêve du mannequinat, du cinéma ou de la cuisine. En effet, l’école s’est investie dans un vaste programme de formations approfondies, qui vise à tirer le meilleur parti des désirs individuels.
Servi par un montage particulièrement efficace, Les pépites est un documentaire qui suscite une rare émotion.

Les suppléments :

– Making of : le témoignage du réalisateur, humble et précis, éclaire les conditions du tournage et l’utilisation des archives personnelles du couple dans le montage final. Les informations fournies sont passionnantes.
– Avant-première avec la reine du Cambodge : cette avant-première, en présence des enfants de l’école et de Marie-France des Pallières, incarne la reconnaissance du pays cambodgien pour l’action menée à travers "Pour un sourire d’enfant". Christian des Pallières est mort quelques jours avant la sortie du film.
– Leakhena et l’équipe sociale : l’extraordinaire Leakhena, adoptée par Christian et Marie-France des Pallières, a d’abord été une petite fille craintive, condamnée à errer dans une déchetterie immonde. Elle s’est transmuée en adulte résolue, qui sillonne les rues défavorisées de la ville avec son équipe et parvient à faire scolariser des enfants en perdition.
– Clip "One of us" : cette ritournelle pop, chargée d’énergie positive, demeure associée à la communauté d’enfants réunis autour de Christian et Marie-France. On la gardera en tête.
– "Pour un sourire d’enfant" : ce clip promotionnel multiplie les témoignages de réussites individuelles.
– Bande annonce.

L’image :

Le travail de numérisation des images tournées par le couple s’intègre superbement parmi les autres plans tournés dans l’école. L’ambiance cauchemardesque de la décharge est restituée par un travail sur les couleurs particulièrement saisissant.

Le son :

Le son Dolby Digital 5.1 rend particulièrement hommage à l’habillage sonore de ce documentaire, en particulier au thème principal, une émouvante ballade au piano que l’on associe pour longtemps à cette école.