Enfants valises – la critique du film

Quel avenir pour les enfants migrants ? A travers Enfants valises, Xavier de Lauzanne tente de répondre à la question. Il dévoile l’intimité de ces adolescents partagés entre sentiment de détresse et courage. Pudeur, sans pathos et bons sentiments. Les clés d’un bon documentaire.

L’argument : En France, l’école a pour obligation d’accueillir tous les mineurs de moins de 16 ans, français ou étrangers, en situation légale ou non. Pour de nombreux adolescents migrants, ballottés d’un continent à l’autre, elle incarne un espoir de stabilisation et d’intégration. Le réalisateur d’Une seule voix , Xavier de Lauzanne a posé sa caméra sur les bancs de l’école où Aboubacar, Dalel, Hamza et Thierno font leurs premières armes...

Notre avis : « Sans papiers, sans parents c’est dur », explique Hamza, les yeux rougis, le regard vide, fuyant. La classe est paisible, les élèves sont concentrés, soucieux de réussir. Le réalisateur d’Une seule voix, Xavier de Lauzanne nous plonge dès les premières minutes à travers le quotidien de ces enfants « valises », de cette classe d’adolescents dits « primo-arrivants », originaire du Maghreb ou de l’Afrique noire. Nous sommes auprès d’eux, nous les côtoyons jours après jours. A certains moments, le spectateur peut même avoir la sensation de faire partie de la classe lui aussi, de vivre le quotidien de ces enfants. Entre rire et pudeur, ils expriment leurs sentiments, nous délivrent leur ressenti en toute transparence. Mis à nus devant la caméra, ces adolescents vont même jusqu’à en oublier sa présence. Perte, mélancolie, amour : ils sont enclins à un véritable ascenseur émotionnel. Ils s’expriment avec des mots justes, étonnamment bien choisis et évoquent le manque d’un pays ou l’absence d’une famille. Pour autant, ils n’oublient pas de remercier la France, pays d’accueil qui leur a pour certains permis d’échapper à la guerre ou la pauvreté.

La rage est dissimulée, seul le sentiment de survie est perceptible. Comme tout adolescent, ils se cherchent mais gardent à l’esprit qu’ils doivent réussir, ils n’ont pas le choix. En stage dans une boulangerie Thierno semble perdu. Nonchalant, il explique le nez farineux que ce n’est pas sa voie, qu’il n’est pas assez matinal. Pourtant, quelques années après Thierno travaillera dans une boulangerie. Xavier de Lauzanne ballade sa caméra à travers ces destins. Des joies aux peines, il ne cache rien aux spectateurs. Le réalisateur n’intervient jamais, seules les images parlent.

Les minutes passent et les préjugés tombent. Enfants valises est le terme initialement utilisé pour caractériser les enfants des DOM-TOM envoyés en métropole. Il signifie que ces adolescents sont victimes des décisions prises par leurs parents. Cette situation « d’enfants valises », les caractérise. Impénétrables, ils semblent souvent isolés, égarés et ont du mal à suivre une certaine régularité professionnelle. L’éducation est une question importante puisqu’elle joue un rôle primordial dans le processus d’intégration. Seulement, l’adaptation à un nouveau système scolaire n’est pas toujours facile pour des enfants issus des cultures différentes. A travers Enfants valises, Xavier de Lauzanne pousse à la réflexion sur l’immigration et l’intégration sociale et professionnelle des adolescents migrants.

Film annonce Enfants Valises par Aloest_Distribution