Le 14 mars 2024
Aussi beau qu’instructif et fortement documenté, le documentaire de Xavier de Lauzanne aborde un sujet rare et précieux, celui de la danse traditionnelle cambodgienne, qui trouve toute sa splendeur sur un écran de cinéma.
- Réalisateur : Xavier de Lauzanne
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Distributeur : Juste Distribution (ex-Aloes Distribution)
- Durée : 1h26mn
- Date de sortie : 13 mars 2024
L'a vu
Veut le voir
Résumé : En 1906, Auguste Rodin découvre les danseuses cambodgiennes lors d’une représentation du Ballet royal à Paris. Bouleversé par cette expérience et par leur gestuelle, il produit en quelques jours une œuvre magistrale de cent cinquante aquarelles. Depuis cette date, jusqu’à la création d’un nouveau spectacle pour une tournée en France et en Suisse un siècle plus tard, le Ballet royal cambodgien survit aux épreuves de l’Histoire et nous transporte, entre Orient et Occident, dans un univers de splendeur et de mystère.
Critique : Hasard de l’histoire du cinéma, les premiers films des frères Lumière donnaient à voir des danseuses cambodgiennes. C’est justement l’ambition du réalisateur Xavier de Lauzanne, plus d’un siècle après les créateurs du septième art, d’aller à la rencontre d’une troupe de danseurs à la Cour royale du Cambodge engagée pour travailler à Paris avec l’Orchestre philarmonique. Rodin s’invite aussi dans ce tableau au service de l’art chorégraphique dans des dessins qui représentent les gestes absolument magnifiques de ces danseuses. Heureusement, des spécialistes se succèdent pour expliquer la subtilité de cet art dansé, très ancien et immuable, qui combine répétition des gestes, spiritualité et symbolisme.
- Copyright Aloest Productions
La beauté du geste - Danse et éternité se veut autant un documentaire didactique qu’une variation esthétisante sur l’art de la danse asiatique. Le film a d’intéressant qu’il mêle les cultures, les regards et les approches pour appréhender la complexité technique et historique de ces danses traditionnelles. Il est remarquable de noter qu’elles ne semblent absolument pas avoir vieilli, entre les images d’archive et le film de Xavier de Lauzanne, à l’exception des scènes de théâtre qui se sont modernisées et surtout épurées dans les décors utilisés. Un écrivain, George Croslier, est convoqué en voix off, pour rendre hommage à l’éternité d’un art qui contient en lui la densité intellectuelle et physique de notre humanité. Photographies, peinture, littérature accompagnent ce récit d’une rencontre entre l’Asie et l’Occident à travers un spectacle. Le film est précis, très écrit, grâce à un montage fluide et gracieux. La grande Histoire du Cambodge se superpose à la petite histoire d’un art ancien aux résonances assez politiques.
- Copyright Aloest Productions
La beauté du geste - Danse et éternité est un documentaire qui prend son temps. Peut-être trop parfois, avec le risque de perdre le spectateur ou de réserver son visionnage aux seuls spécialistes. Néanmoins, Xavier de Lauzanne a l’exigence de donner à son spectateur toute l’étendue d’un art complexe, qui s’intègre dans le récit particulier des danseurs, des professeurs et celui de tout un pays traversé par un souci de démocratisation du pouvoir politique et une royauté très présente. Xavier de Lauzanne était déjà allé à la rencontre du Cambodge en 2016 avec son documentaire Les pépites qui l’a fait connaître. C’est un réalisateur du voyage, qui, mieux que tout autre, sait capter la parole étrangère, la spécificité des pays, et aller à l’essentiel des communautés qui peuplent le monde. Pour autant, il ne fait pas des films à vertu touristique. Son regard cherche à saisir l’humanisme qui habite les populations du globe et leur formidable aptitude à transformer le réel avec l’art.
- Copyright Aloest Productions
La beauté du geste - Danse et éternité intéressera tous les passionnés des arts, qu’ils soient cinématographiques, visuels, chorégraphiques ou picturaux. Pour les autres, il ouvrira des perspectives et des chemins nouveaux dans le quotidien parfois routinier ou contrarié des spectateurs. Et puis, la dernière partie, pour le coup trop courte, quand la musique classique cambodgienne s’invite au milieu des sculptures de Rodin ou sur un immeuble moderne au cœur de Phnom Penh, fermera le spectacle sur un émerveillement.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.