Burning for you
Le 10 août 2017
Après l’excellent L.I.E. en 2003, Michael Cuesta confirme son talent pour filmer l’adolescence
- Réalisateur : Michael Cuesta
- Acteurs : Conor Donovan, Zoë Weizenbaum, Jesse Camacho, Jeremy Renner
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Date de sortie : 20 septembre 2006
Résumé : Dans une banlieue résidentielle américaine, trois enfants d’une douzaine d’années font face à la perte d’un de leur ami (le frère d’un d’entre eux) et à l’incompréhension de leurs familles.
Notre avis : Sans doute moins direct, moins dur que L.I.E., son premier film, 12 and Holding poursuit, en reprenant les mêmes thèmes, la réflexion de Michael Cuesta sur la sortie de l’enfance. Comme dans son premier opus, ses héros, pourtant des gamins, font preuve d’une sensibilité à fleur de peau, d’une liberté de penser et d’une intelligence remarquables, mais jamais irréalistes. Face à des parents qui ne comprennent pas leurs douleurs, qui semblent aveugles au changement qui s’effectue en eux, Jacob, Malee et Leonard, les héros de 12 and Holding, se retrouvent livrés à eux-même, en rébellion consciente ou inconsciente face au modèle parental.
A travers chacun de ces trois jeunes héros (tous remarquablement interprétés, avec une mention spéciale à la magnifique Zoë Weizenbaum), ce sont trois grandes douleurs de l’enfance qu’aborde Cuesta : la solitude, la conscience de soi pour Jacob, qui a perdu son frère jumeau, son double, et qui oscille entre une envie de vengeance maladroitement entretenue par ses parents et le besoin de pardonner aux "meurtriers". Le corps, le regard des autres pour Leonard l’obèse, frappé de toutes parts comme autant de coups par les rires de ses camarades de classe, qui se lance dans un régime violent, au grand dam de ses parents, obèses et fiers de l’être. La sexualité enfin pour la jeune Malee, qui s’éprend d’un ouvrier de chantier de plus de vingt ans son aîné et tente, malgré son corps d’enfant, de devenir femme.
Chacun de ces héros, blessés à vif, émeut, trouble, fait rire parfois. D’une infinie justesse, ils sont aussi les révélateurs d’adultes qui ne savent pas plus qu’eux où ils en sont, et se cherchent sans cesse, non moins sans violence. Michael Cuesta filme leurs quêtes d’équilibre, comme il l’avait fait avec L.I.E., en jouant avec les limites sans jamais sombrer dans la provocation ou les extrêmes, domaines quasi réservés de Larry Clark. Plus subtile, plus poétique, moins coup de poing que son aîné, le cinéma de Cuesta n’en reste pas moins dur, violent, mais indéniablement touchant. Car là où Clark (mis de côté Wassup rockers) livre la peinture d’une jeunesse foutue d’avance, Michael Cuesta laisse, in extremis, planer l’espoir.
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Frédéric Mignard 3 février 2013
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